Étude sur les idées politiques de Mirabeau
LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 93
l'entière liberté d'opinion et de conscience qui ne saurait être ravie à personne!. » Il sent que cette constitution du clergé menace de perdre la France, quoiqu'il soutienne le contraire à l’Assemblée, quoique, dans ses discours, il semble « conjurer le peuple d'abandonner le christianisme®. » Pour s’excuser auprès de ses amis, il prétendait qu'en montrant une telle violence il voulait « enferrer » l’Assemblée, afin de la perdre dans l'opinion ?. Il se donnait pour plus machiavélique qu’il n’était. Si l'on doit lui savoir gré d’avoir réclamé la liberté de conscience, il faut reconnaître aussi que ce fut son irréligion, autant que l'excitation révolutionnaire de son temps, qui le poussa à demander l’aliénation des biens du clergé et l’anéantissement de cet ordre respectable,
VIII.
FINANCES. Dette de la France. — Les assignals.
La situation financière de la France fit accepter la constitution civile du clergé, qui consacrait la transmission de ses biens à l'État. Au moment de la Révolution, les dépenses publiques s’élevaient, d'après M. Henri Martin, à 412 millions, correspondant à un milliard de nos jours. En outre la dette flottante était de 878 millions. Enfin, dans les années 1789 et 1790, la Caisse d'escompte avait prêté à l’ État 240 millions5. Des confiscations, aux dépens des corps de l'État et des particuliers, pouvaient seules permettre de faire face à la situation.
La question de la banqueroute n’était pas posée que Mirabeau étudiait déjà les mesures économiques qui pouvaient assurer le salut de l’État. Il empruntait à son père ses idées sur la liberté du commerce et de l’industrie. Il croyait que la France prospérerait davantage en préférant, à ces sources de richesse, l’agriculture
Î. Moniteur. Discours des 4 et 14 janvier 1790. Courrier de Provence, x. XI, p. 257 à 259. Ferrières, v. IL, p. 205. Ferrières, v. Il, p. 214. Corr. Mirabeau-La Marck, v. Il, p. 367. Ibid., v. IL, p. 305. CF. Reynald, p. 303. H. Martin, Histoire de la Révolution, x. I, p. 120.
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