Étude sur les idées politiques de Mirabeau
94 F. DÉCRUE.
et en renonçant à ses colonies. Sur Le sol se prelèverait un impôt simple, £xe et immuable qui permettrait à l État de renoncer aux gabelles et aux impôts indirects! Telles étaient les matières que Mirabeau traitait déjà dans ses prisons.
Plus tard, il s’occupa de questions spéciales de finances. Il combattit l’agiotage et les sociétés qui l’encourageaient et dont les actions représentaient plus que le capital’. Du temps de Calonne, il se rallia cependant à l’idée d’une banque d'État monopolisant le droit d'émission. Mais sous le ministère de Necker, à l’Assemblée, il ne voulut plus en entendre parler.
Il se préoccupait en premier lieu du service de la dette qu'il fit déclarer nationale. Il voulait éviter la banqueroute dont l’idée était plus où moins acceptée. Dans son respect pour les rentiers de l'État, il se refusait à les laisser imposer {. Alors, où trouver des ressources suffisantes pour le service de la dette? Mirabeau s'était toujours opposé, en principe, au système des emprunts sans impôts, préconise par Necker. Mais la nécessité l’obligea de faire des concessions sur ce point. Convaincu qu’il n’y avait pas d'autre remède à la situation financière, il appuya le ministre lorsqu'il présenta ses projets d’emprunt5. Quant aux impôts, l’Assemblée, sous l’impulsion de Mirabeau, avait déclaré qu'ils seraient payés, jusqu’à nouvel ordre, comme sous l'ancien régime. Mais, après le décret du 4 août 89, le peuple confondit les droits rachetables et les droits abolis et ne paya plus rien. Necker proposa alors l'impôt du quart du revenu, qui ne devait peser que sur les richesf. Mirabeau appuya un projet qui répondait à son principe : pas d'emprunt sans impôt. Le discours qu'il prononça à ce sujet fut son chef-d'œuvre oratoire.
Cet impôt ne combla pas plus le déficit que ne le faisaient les emprunts. Une grande mesure était urgente. Mirabeau dédaignait les demi-moyens auxquels recouraient la cour et l’Assemblée, en fondant la vaisselle royale, en diminuant la liste civile, etc. Il
1. Essai sur le despotisme, p. 173. Leltres de cachet, v. I, p. 87 et 208. Salines de la Franche-Comté, dans Vermorel, v. I, p. 120.
2. Voir plus haut.
3. Histoire de la cour de Berlin, p. 322.
4. Moniteur. Discours du 9 août 1789. Archives parlementaires, p. 374. Plan, Un collaborateur de Mirabeau, p. 88.
5. Moniteur. Discours du 7 août et du 27 septembre 89. Cf. Reynald, p. 260 et 261.
6. Moniteur, Discours du 24 septembre 89, Cf. Reynald, p. 261 à 268.