Histoire des deux conspirations du général Malet

278 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

d'être ensevelis sous les neiges de la Russie, non; c'était de mettre «ses peuples » à Pabri des déchirements des factions et des horreurs de Panarchie. Éternelles banalités à l’usage des tyrans pour effrayer les nations qui ne sont pas encore faites à l'exercice régulier de la liberté. »

Ab ! comme il flétrit les magistrats dont la pusillanimité menaçait de détruire empire des lois, les droits du trône et l’ordre social lui-même, comme si l'ordre social bien entendu avait quelque chose à voir dans les droits du trône !

Pour lui, la mort d’un magistrat tombé en défendant le souverain et le trône était plus glorieuse que celle du soldat frappé au service de la patrie. Comme se révélaient bien là, dans toute leur crudité, les sentiments d’égoïsme de ce Corse qui plaçait les intérêts de sa dynastie avant ceux du pays; et ne reconnaît-on pas, dans cet aveu dépouillé d'artifice, le mot profond et cynique du saltimbanque : Sauvons la caisse 2

Aussi, avec quelle légèreté il passa sur sa folle expédition. « Mon armée a essuyé des pertes, dit-il négligemment, mais c’est par la rigueur prématurée de la saison. » Quant aux ressources des gouvernements despotiques qu’on lui avait opposées, suivant Lacépède, et que nous appellerons, nous, l’héroïsme