Histoire des deux conspirations du général Malet

280 - HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

douleur qu'avait causée aux fonctionnaires l’attentat commis par un « homme en délire. » Il parla — sans rire — du dévouement de tous les Français pour l'héritier désigné par la constitution qu’il avait plu à l’empereur de donner à ses peuples. Puis, comme s’il eût fait une gageure d’insulter à la fois au bon sens ot à la vérité, il se confondit en marques d’admiration sur le caractère auguste déployé par Napoléon dans les deux mois où la fortune semblait essayer, disait l’orateur, de rappeler qu’elle peut être inconstante. Et cela, au moment où ce chef indigne venait de déserter son armée.

L'empereur trouva, pour excuser sa folie et expliquer les malheurs de la France, un argument irrésistible ; il mit tout sur le compte de l’igéologie. Cétait, à ses yeux, la bête de l’'Apocalypse,

Arrière philosophes, moralistes, penseurs, qui méditez sur le sort des humains et songez aux moyens d'améliorer la condition des hommes ! Place aux traîneurs de sabre et aux bandits couronnés! Ils ont la science infuse, ceux-là; ils connaissent les lois civiles, criminelles, administratives, politiques et militaires ; c’est à eux d’instruire, de moraliser les peuples et de leur apprendre à obéir. N’ont-ils pas à leur offrir en exemple l’obéissance passive des armées prétoriennes ?