Histoire des deux conspirations du général Malet

282 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

« Sire, dit le baron Séguier entre autres énormités, des insensés ont tenté d’ébranler ce que le génie et le courage avaient fondé. Ils voyaient l’auguste rejeton de notre empereur, et ils ont méconnu ce principe fondamental de la monarchie : que le roi ne meurt pas. Ah! sire, daignez en croire la vive expression des sentiments que nous portons au fond de nos cœurs. L'autorité impériale n’aura jamais de plus ferme appui que les magistrats. Nous sommes prêts à tout sacrifier pour votre personne sacrée, pour la perpétuité de votre dynastie. »

Or, à l’heure où le premier président de la cour impériale s’exprimait ainsi, Bonaparte avait épuisé la longue série de ses crimes et de ses folies, il n’avait plus qu'à les expier. Les malheurs, les calamités, les désastres allaient venir, rapides, foudroyants, irrésistibles. Peut-être, au milieu de ses infortunes, trop méritées, hélas ! eut-il été bon et consolant de voir tous ces hauts dignitaires, qui avaient juré fidélité au crime heureux, ne pas s’en séparer si lestement au jour de la débacle. Mais ce fut un sauve-qui-peut général. Il semble que la bassesse des hommes soït en raison directe du rang qu’ils occupent dans la société.

Le même baron Séguier, le même magistrat qui se déclarait prêt à tout sacrifier pour la personne