Homéothermie et thermorégulation. 2, La thermorégulation

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aussi bien que de celle de profondeur. Il est intéressant de rappeler ici que l'adaptation au froid, comme nous l’avons vu (p. 12), ne consiste pas en une diminution de la déperdition calorique, comme on devrait s’y attendre si la lutte contre le froid reposait surtout sur des phénomènes de vaso-constriction périphérique. Au contraire, en s’entraînant au froid, les homéothermes étudiés (rat, passereaux) perdent de plus en plus de la chaleur à une même température ambiante, tandis que leur plumage et leur fourrure ne peuvent dans ces conditions, sans doute, qu’augmenter leur pouvoir protecteur.Le même fait a été constaté par GEssLER et FRanxe [64] chez l’homme : le même froid ambiant provoque en hiver une augmentation plus considérable des échanges qu’en été.

Il semble que la vaso-constriction périphérique n’a lieu que dans la mesure dans laquelle le pouvoir thermogénétique n’est pas en état de satisfaire les besoins de la calorification augmentés par la baisse de la température ambiante. En s’habituant au froid l’organisme augmente sa production calorique et dans la même mesure sa déperdition ; ce dernier fait ne peut tenir à une autre cause qu’à une diminution de la vaso-constriction périphérique faisant place à la vaso-dilatation, ce qui est tout à l'avantage de la périphérie, sacrifiée au début à l’homéothermie centrale. En effet, on peut observer que les personnes entraînées au froid réagissent à celui-ci par de l’hyperémie du visage, tandis que les personnes frileuses deviennent pâles et violacées.

De même les personnes habituées aux températures supérieures à celle du corps, tels les chauffeurs de navire, réagissent à la chaleur par une anémie de la peau, tandis que les personnes non habituées réagissent par une hyperémie intense, qui n’est pas avantageuse à l’homéothermie, puisque dans ces conditions le sang s’échauffe par son passage à la surface du corps.

Si le pouvoir déperditeur total restait invariable malgré les variations de la température ambiante, la production calorique en fonction de celle-ci devrait être proportionnelle à la différence de température entre le corps et le milieu. Nous avons vu qu’il n’en est pas ainsi. Mais les résultats expérimentaux concernent les homéothermes non adaptés aux différentes températures ambiantes. La courbe de l’état adapté (fig. 6, p. 13) est plus inclinée que celles de l’état non adapté. Ce qui signifie que l'adaptation se fait dans le sens d’une augmentation du pouvoir déperditeur avec l’abaisse-