La correspondance de Marat
LA CORRESPONDANCE DE MARAT 23
M. le C. d’Aranda m’ait communiqué un seul mot. Peut-être le voyage de Fontainebleau a-t-il causé ce relard. Vous m'exhortez à la patience, mon cher ami, en considération de l'importance de l'affaire pour la gloire de l'Espagne et la mienne. Quant à mon triomphe, il ne saurait me manquer; mais j’ai mis mon bonheur à porter les sciences exactes et utiles au plus haut point qu’elles peuvent atteindre. J'ai besoin pour réussir de la protection d’un grand Roi, et je serais au comble de mes vœux si je puis consacrer mes talents au bien d'une nation que j'aime et respecte.
Pôursuivez donc comme vous avez commencé et ne laissez pas la tâche imparfaite.
J'ai vu M. Solano plusieurs fois. Il a vu mes expériences fondamentales et n’a rien à objecter. Au reste, je ne sais s’il est convaincu des erreurs de Newton en optique : il me parait aussi réservé qu’aimable. Peut-être s’ouvrira-til à moi lorsque nous serons plus liés, et ne doutez point que je ne fasse tout ce qui dépendra de moi pour le triomphe de la vérité.
Je vous embrasse de tout mon cœur. Marar.
Monsieur, Monsieur de Saint-Laurent, à Madrid *.
XXII LETTRE A ROUME DE SAINT LAURENT (20 novembre 1783)
Les ennemis de Marat mettaient tout en œuvre pour paralyser les efforts de Roume de Saint-Laurent. C'était surtout
1. Au dos de cette lettre, Roume de CA a écrit ces mots : « 1783, novembre 6. M. de Marat est prêt à répondre aux objections qu’on pourra lui faire, »