La correspondance de Marat

26 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

destiné à combattre le matérialisme, en développant l’influence de l'âme sur le corps et du corps sur l’âme. — Voilà l’époque de mes malheurs.

D'abord je gardai l’incognito; mais je soumis mon travail à la critique d'un homme de mérite, M. de La Rochette, gentilhomme français nommé en 1760 commissaire général pour l'échange des prisonniers de guerre en Angleterre. Vous trouverez, sous les n° 4 et 2 des pièces à l'appui de ce mémoire, le jugement qu'il porta de mon ouvrage. M. de La Rochette, qui connaissait la maligne influence de la cabale des philosophes, et qui désirait le succès de cet ouvrage, me conseilla de le donner anonyme et en anglais. Je suivis son conseil.

Toujours sous l’incognito, mais me défiant de l’exactitude de la traduction que l’on avait faite, je la soumis à l'examen de quelques Anglais aussi distingués par leurs vertus que par leurs talents: entre autres à l’ancien lord Lyttleton, auteur de plusieurs ouvrages estimés, et à M. Collignon, professeur de physiologie en l'Université de Cambridge. Vous trouverez, sous les n° 3 et 4, le jugement qu'ils en portèrent, ou plutôt des talents de l’auteur.

Enfin mon ouvrage parut et fit sensation. On peut voir le compte qu’en rendit le Westminster s Magazine (de juin ou juillet 1713), composé par une société de gens de lettres. Je ne dirai rien ici des louanges qu'ils lui prodiguèrent ; mais je ne puis passer sous silence la censure qu’ils firent de la manière méprisante avec laquelle j'avais traité nos prétendus philosophes dans une note qui se trouve au commencement de l’ouvrage.

Le lord Lyttleton avait souvent parlé de moi au ministre de Russie: quelques mois après la publication de mon livre, on me fit des propositions pour passer à Pétersbourg. Je joins (sous le n° 5) copie de la lettre que le lord Lyttleton m'écrivit à ce sujet.

Après avoir vu le succès de mon ouvrage en anglais, je le publiai en français, sous le titre De l'Homme. Quelques-