La Macédoine

tout l’ensemble des contrées bulgares (1). Et c'est sur cette échelle que les Bulgares ont toujours travaillé depuis. Enfin, ils avaient besoin de mettre la tradition nationale de la Macédoine au service de leurs aspirations politiques. Pour cette raison, ils poursuivaient sans pitié l'élément serbe et détruisaient tous les souvenirs serbes en Macédoine, en même temps qu'ils s’efforçaient de purger sa tradition de tout ce qui pouvait rappeler les Serbes. Mais comme il n’y aurait pas eu la tradition sans cet élément, ils se trouvèrent forcés ou bien d'en inventer une nouvelle, ou bien de retoucher et d’arranger celle qui existait en lui faisant perdre son caractère serbe. Nous avons déjà eu l’occasion de montrer à quelles extrémités s'est porté Etienne Verkovic, en falsifiant dans sa « Véda Slovenska », la tradition populaire et les légendes macédoniennes. Dans sa critique de La Littérature Bulgare, de Pipin et Spasovic, le Docteur V. Yagic, professeur de langue slave à l’Université de Vienne et le plus grand slaviste contemporain, qualifie de la manière suivante le travail des collectionneurs bulgares : « L’histoire de la littérature nouvelle et de la littérature la plus moderne des Bulgares est moins à même de mous révéler des produits littéraires réels que des tendances patriotiques (fondation d’écoles, publication de livres d'enseignement) et des luttes pour l’émancipation de l'église bulgare de l'influence grecque. Les ouvrages dans lesquels on a recueilli les chants nationaux se rapprochent davantage de la vraie littérature. Malheureusement, c’est précisément dans cette branche de. l’activité littéraire que l’on trouve un remarquable monument de duperie (ein merkwurdiger Schwindel), où des trésors nationaux inestimables ont servi à édifier des théories fantastiques. Le reproche fait par les auteurs Pipin et Spasoyic) à Rakowski et Verkovic est pleinement mérité et justifié. Il est à désirer non seulement que l'exemple de ces derniers ne trouve plus d'imita-

(4) St Protic 0. Makedoniji. — Surla Macédoine. — Belgrade, 1886, p. 86.)

— 9206 —