La Macédoine

offrir 5o.000 Bros seulement ; l'évêque n'accepla pas et se rendit auprès d’un certain Ismaël effendi, Ture très riche et très instruit, qui exerçait une influence considérable non seulement à Velès, Monastir et Skoplje, mais aussi en haut lieu à Constantinople. Ismaël-effendi était lié d’une très grande amitié avec le vieux Hadzi-Misevice, Djordje Hadzi-Drndarévic et Yanko Hadzi-Kusévic, les commerçants les plus riches de Velès. Mais comme l’école serbe n’inspirait pas beaucoup de confiance aux autorités turques, comme, d'autre part, les agents bulgares faisaient tout leur possible pour la faire fermer — en quoi ils ont parfaitement réussi — ces trois notables de Velès, ajoutant foi aux promesses séduisantes et aux paroles mielleuses des propagandistes bulgares, s'enrolérent dans les rangs des bulgarisants et arborèrent le drapeau du bulgarisme à Velès et dans tout le diocèse de Velès-Debar.

Conséquemment, lorsque l’évêque Antime se rendit chez Ismaël-effendi pour se plaindre des bulgarisants de Velès, en prétendant que ceux-ci s’apprètaient à lever l’étendard de la révolte dans la ville, le notable Turc savait d'avance que ses allégations n'étaient qu'une calomnie pure et simple et ne voulut pas appuyer sa requête. Sur ces entrefaites, la majeure partie de la population de Velès déclara aux autorités ne pas reconnaître, à l'avenir, Antime pour évêque. Alors Jsmaël-effendi fit venir Antime auprès de lui et l’engagea à donner à l'école grecque de Velès, fréquentée par les enfants tsintsares, — étant donné que les vrais Grecs n’existaient pas à Velès, — une somme de 100 livres (2.200 francs) et autant à la nouvelle école bulgare, fréquentée alors par les enfants serbes des parents bulgarisants. Il lui conseilla aussi de quitter Velès et d'aller à Constantinople. Antime se rendit à son avis et s’en alla à Constantinople ; mais il fut aussitôt renvoyé à Velès par le patriarche. C'est à ce moment quarriva la dépêche de Constantinople, adressée par les représentants bulgares Cumakoff et Tapsilestoff, disant que l'Eglise bulgare était séparée du patriarcat grec. Le peuple déclara alors définitivement aux autorités sa ferme résolution de ne pas reconnaître Antime pour son évêque. Celui-ci télégraphia à Constantinople que « Velès était en révolte et que le sang avait

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