La Macédoine

riques serbes. Finalement, ils ont soutenu la lutte pour

a libération du peuple serbe du joug ottoman.

A l’époque de la domination turque, celui d'entre les peuples chrétiens dont l'Eglise était autonome avait aussi la faculté de conserver sa nationalité et son rôle politi-

que. Les chrétiens sans autonomie en matière de reli-

gion ne formaient qu'une vague foule d'esclaves, la « raïa », sans nationalité et sans aucun caractère propre. Cependant, les Bulgares ne jouissaient pas, sous les Tures, de l'autonomie de leur Eglise. En soumettant l'Etat bulgare à leur autorité, les Tures ont supprimé le patriarcat autonome de Tirnovo et l'ont incorporé au patriarcat grec de Constantinople. C'est une des princi pales raisons pour lesquelles les Bulgares, mème sur leur propre territoire, « n'existaient pas comme nation » depuis cette époque ; ils ne constituaient qu'une simple « multitude d'individus ». Par contre, lés Serbes avaient conservé, sous les Tures, l'autonomie de leur Eglise. Le patriarcat autonome serbe d'Ipek, sous l'autorité religieuse duquel était placée la Macédoine, avait continué, sous bien des rapports, à remplir le rôle joué autrefois par l'Etat serbe. C'est ce qui explique comment le peuple serbe, tant en Macédoine que partout ailleurs, avait pu garder sa pleine conscience nationale.

Les Eglises autonomes ayaient, sous le régime ture, une importance énorme. Elles formaient, pour ainsi dire, et autant que les abus des autorités turques le permettaient, plusieurs Etats dans un seul. Elles permettaient à leurs adhérents de jouir de la pleine liberté dans leurs rapports confessionnels et nationaux. L'élection du patriarche et des autres dignitaires de l'Eglise était libre dans toute Eglise chrétienne autonome de la Turquie ; les Turcs ne se réservaient que le droit de confirmation. Le patriarche était la plus haute autorité religieuse et le gardien suprême des intérêts nationaux du peuple. Il était entièrement libre non seulement dans l'exercice de ses fonctions religieuses, maïs aussi dans l’activité qu'il déployait en veillant sur la conservation de la tradition,

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