La Macédoine

La perte du patriareat d'Ipek était pour le peuple serbe une défaite écrasante. Le chef de l'Eglise serbe, gardien vigilant de la conscience et de la culture nationales, n'existait plus. L'archeyèché d'Ochrida n'était qu'un centre administratif autonome avec la culture grecque ; il ne s’occupait pas encore, à ce moment, de politique nationale. Il ne traduisait même pas les tendances nationales grecques ; Les intérêts de la nationalité grecque était soutenus par le patriarcat grec à Constantinople. Les deux centres religieux étaient même continuellement en désaccord : le patriarcat de Constantinople se montrait aussi hostile à l’archevêché d'Ochrida qu il l'avait été au patriarcat serbe. Il à tramé des intrigues contre lui aussi longtemps qu'il ne put réussir à le faire Supprimer par les Tures, en 1567 (rx). N'étant pas représentant des aspirations grecques, l’archeyéché

_d'Ochrida était encore moins le protecteur des aspirations nationales serbes. Le peuple serbe était mécontent de lui. En 153r, un évêque de nationalité serbe avait ième essayé de rétablir le patriarcat serbe.

Le jour où il perdit l'indépendance de son Eglise, le peuple serbe s'est trouvé privé de toute protection, et ce n'est que grâce à.sa force vitale qu'il à pu maintenir sa conscience nationale. Cette force était en lui tellement considérable qu'elle a même réussi à atténuer le caracière grec de l'archeyêché d'Ochrida qui, déjà auparavant situé au milieu du peuple serbe, était pour ainsi dire submergé par le peuple serbe depuis le moment où le territoire du patriarcat serbe y fut incorporé. Il en résulta qu'au sommet même de la hiérarchie archiépiscopale un souffle de vie du peuple serbe commençait à se faire sentir. Déjà en 1466, sept ans à peine après la suppression du patriarcat serbe, l'archevêque d'Ochrida Marko ordonnait de traduire en serbe « Le Canon de la grande Eglise archiépiscopale », dont le texte, jusqu'alors, n’existäit à Ochrida qu'en grec (2). Quel est le motif qui pou-

(2) Bulletin de l'Académie royale de Serbie, LMI, p. 282 (2). L® Stojanovic, o:c:, L-n°398. L

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