La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE 45

promène son insolent orgueil parmi les cadavres dont les yeux sont ouverts sur l'Infini. « C’est étrange » dit le sultan au grand vizir :« C'est étrange, cette victoire donne tort au rêve que je vécus la nuit dernière. Je croyais sentir en ma chair le froid d'un poignard ennemi. » Le sultan termine à peine sa‘phrase que les morts s'animent. De leurs rangs bondit Miloch Obilitch. Blessé il mordait la poussière cimentée par le sang en une boue rouge. La vue du sultan a rappelé son âme prête à s'envoler. Une dernière énergie fortifie $a main crispée. Tfrappe Mourad. Tandis que mis en lambeaux par les compagnons du sultan, Miloch achève de vivre. Mourad, l'empereur orgucilleux, meurt dans un blasphème qui condamne Lazare, Devant le cadavre de Mourad, le tzar est traîné. Les derniers moments du jour mettent une clarté sur le cimeterre qui détache la tête de Lazare. Le crépuscule jette son manteau sur Kossovo jonché de morts. Dans le ciel constellé, les étoiles ressemblent à des multitudes d'yeux, clignés sous de sombres paupières. Seuls, parmi la transparence de la nuit sereine, au milieu du fouillis des armes à peine luisantes, les blessés achèvent de souffrir entre les pas des chevaux abandonnés. ‘ Kossovo est le pivot du patriotisme serhe. Le vôtement doré des moissons mûrissantes y couvre les milliers de guerriers tombés én pleine jeunesse, sous la main de la mort. Il semble que leurs esprits viennent murmurer lorsque la brise incline les épis. On ne sait alors si l’on entend le bruissement des blés ou le chuchotement des défunts: :

Cette plaine n’est pas seulement une nécropole scrbe. Au milieu du xve siècle, Hongrois, Serbes, Tran-