La question de l'Adriatique
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En fait, l'opinion italienne, et, derrière elle, le gouvernementitalien lui-même, estimaient que l'occasion était trop favorable pour que le problème stratégique de l'Adriatique ne fût pas lié au problème de l'irrédentisme et résolu avec lui et par lui. Le souvenir de Lissa, toujours vivant, l'incontestable supériorité des bases autrichiennes (Pola, Sebenico, Cattaro), et l'effort intense accompli par l'Autriche-Hongrie dans le domaine naval depuis quelques années (1), poussaient l'Italie à se prémunir contre un danger qui grandissait avec le temps et pour essayer de résoudre, une fois pour toutes, à son profit, le problème de la prépondérance dans l’Adriatique. Depuis que l'Allemagne avait créé sa division navale méditerranéenne, depuis que, suivant l'expression des journaux allemands, «la question de Trieste avail trouvé à Konopischt une heureuse solution (2?) », lltalie se sentait plus menacée que jamais. Sans doute sa flotte pré-
4) Au moment où éclala la guerre européenne, les forces navales de l'Autriche-Hongrie comprenaient 85 unités,dont 3 dreadnoughts, 6 pré-dreadnoughts, 6 garde-côtes, 2 croiseurs cuirassés, > croiseurs prolégés, 18 contre-torpilleurs, 6 sous-marins, et 31 lorpilleurs. D'autre part, le programme naval élabli en 1913, et pour lequel 426 millions de couronnes avaient élé demandés aux Délégalions, envisageait la nécessilé d'un effort dont la réalisation eul doublé la puissance maritime de l'Autriche.
(2) Täglische Rundschau, citée par le Secolo (cf. Ze Temps du 1? février 1915).