La question de l'Adriatique

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sentait, au point de vue du nombre des unités, du tonnage et de l'armement, un certain avantage sur celle de l’Autriche (1). Mais, en tenant compte du développement des côtes et de ce fait que l'Italie avait à se défendre dans trois mers (Tyrrhénienne, lonienne et Adriatique), tandis que toutes les forces de l'Autriche étaient ramassées sur un même champ de bataille, et précisément sur le champ de bataille où les bases d'opérations de l'Italie étaient les plus faibles, l'avantage stratégique passait du côté de l'Autriche. Cette préoccupation était au fond de toutes les pensées. C'était là, en défimitive, le grand gain qu on attendait de la guerre, l'enjeu capital autour duquel on se passionnait. Un peu plus tard, en février 1915, un journal de Milan, le Popolo d'Italia, écrivait ces lignes violentes :

Nous voulons la fin de l'Autriche maritime. L’Autriche n’a pas de mer. La Hongrie non plus. La mer aujourd'hui autrichienue est une mer italienne. Le débouché adriatique de la Hongrie est une usurpation. L’Adriatique est italienne et slave. Il n’y a pas de place pour des tiers gênants. Que l'Autriche soil une grande Suisse ; el de même que celle-ci ne pré-

(1) Un tolal de 149 unilés contre 85, de 285.000 tonnes contre 221.000, de 40.000 hommes contre 23.000 (cf. L'Écho de Paris du 2 mai 1915).