La question de l'Adriatique

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de 1912, oubliant qu'elle-même ne s'était montrée ni moins prompte ni moins obstinée que son alliée à repousser la Serbie de la mer et à mettre à sa liberté commerciale des conditions et des restrictions qui équivalaient à lui fermer la route qu'on prétendait lui ouvrir. Pour donner à ses protestations d'amitié une réalité immédiate, elle faisait intervenir les intérêts serbes dans ses négociations avec l'Autriche, parlait au nom de la Serbie, plaidait la cause de l'Etat slave, et sollicitait pour lui de l'Autriche ce que l'Autriche lui avait refusé en 1912, c'est-à-dire un port (1).

Or, c'est là qu'apparaissait la suprême habileté de la diplomatie italienne, qui, en paraissant défendre les intérêts serbes, leur portait un coup redoutable. Toutes ces négociations, soit avec l'Autriche, soit avec la Russie, soit avec la Triple-Entente tout entière, se faisaient à l'insu de la Serbie, et cela déjà leur donnait un sens singulier. Mais, bien mieux, en récla-

(1) D'après le Journal de Genève du 27 avril 1915, l'Italie demandait à ce moment à l'Autriche de lui céder la côte de lAdriatique, dont elle aurait rétrocédé une parlie à la Serbie. D'après le Daily Telegraph (6 mai), elle cherchait seulement à oblenir de l'Autriche la promesse qu'un port serait accordé à la Serbie. Il semble bien, d'ailleurs, que, dans un cas comme dans Pautre, elle ail voulu tirer profit de ce rôle d'intermédiaire qui lui assurait, pour Jus lard, de puissants moyens d'action sur la Serbie.