La question de l'Adriatique

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mant pour la Serbie un port sur l’Adriatique, c'est-à-dire en plaçant la question sur le terrain des nécessités économiques les plus étroites, l'Italie, tout en tirant avantage d’une sollicitude apparente, déplaçait le problème et semblait croire que les revendications de la Serbie ne portaient, comme en 1912, que sur un point d'ordre commercial. Cependant, depuis 1912, tout était changé. Ce que la Serbie demandait alors ne correspondait en rien à ce qu'elle était en droit d'exiger en 1915. En 1912, on partageait les dépouilles ottomanes, et non celles de l'Autriche. Le débat était donc confiné aux côtes albanaises, et il s'agissait seulement de savoir si la Serbie resterait, en matière économique, la vassale de la puissante Autriche, ou si elle recouvrerait, dans cet ordre d'idées, une liberté relative. En 1915, la question prenait une ampleur et un aspect bien différents. Il s’agis sait de savoir en quelles mains tomberait l'héritage de l'Autriche, et si l’irrédentisme serbe trouverait, comme l’irrédentisme italien, son heure de triomphe. Le problème qui était posé, c'était celui de l’unité nationale de la race yougo-slave (1), celui de la Grande Serbie, dont

(1) Le motyougo-slave ou jougo-slave signifie exactement slave du sud, du mot serbe jug (sud). IL a servi tout d'abord à désigner

LA QUESTION DE L'ADRIATIQUE. k