La question de l'Adriatique

se répartiraient en 783.582 Italiens et en 1.565.850 Slaves (1), c'est-à-dire que, pour donner satisfaction complète à l'élément italien, on créerait un irrédentisme slave infiniment plus important et plus redoutable que celui dont on aurait écarté la menace (2).

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Déjà} sous le régime austro-honerois, cet irrédentisme slave existe, et il a donné, surtout en ces dernières années, des preuves éclatantes de sa force et de son unité. Peut-être l'effort sincère que l'on déployait, à la fois dans les capitales de la Triple-Entente et à Rome, pour arriver à un accord, portait-il les négociateurs à négliger un peu cet aspect de la question et à ne pas tenir compile autant qu'il l'aurait fallu des aspirations locales. Les propositions russes elles-mêmes ne représentaient qu'une atténuation très sensible de ces aspirations, une sorte de

(1) Pour le détail de ces chiffres, ef: plus haut, pp. 21-22,

(2) Nous avons déjà fait remarquer plus haut (p.39, note) qu'en Italie mème quelques esprits sont opposés à l'annexion de la Dalmatie, précisément par crainte d'un irrédentisme slave. Mais, en supposant que l’Ilalie finisse par renoncer à la Dalmatie, le problème conlinuerait à se poser, puisqu'elle annexerait encore 952.315 Slaves, aussi fortement organisés el aussi décidés à résisler à une oppression étrangère que l'ont élé et que le sont encore les 783.000 Italiens de la double monarchie.