La question de l'Adriatique

Ar

(Belgrade, Zagreb, Fiume) et de bons ports (Fiume, Sebenico), la Serbo-Croatie aurait pu connaître le plus brillant avenir.

En fait, ce n'élait là qu'un rêve récent. Il y a une quinzaine d'années. les Slovènes et les Croates ne songeaient pas à réclamer leur réunion au royaume de Serbie. Leurs tendances allaient plutôt vers la constitution d’un État yougo-slave, placé sur le même pied et jouissant des mêmes privilèges que la Hongrie, mais, comme la Hongrie aussi, lié à la monarchie dualiste, devenue ainsi, par l’adjonction de ce troisième élément, une monarchie trialiste (1). C'était surtout les divergences religieuses (les Slovènes et les Croates sont catholiques, les Serbes orthodoxes), et aussi les intrigues de Vienne et de Budapest, qui avaient créé entre les deux grandes fractions de la même race une mésintelligence assez vive. L'irrédentisme serbe ne s'étendait guère géographiquement qu’à la Bosnie, à l'Herzégovine, et aussi, quoiqu'avec moins de violence, à la Dalmatie. Le sort misérable des paysans bosniaques, l'oppression brutale dont ils étaient l'objet, les tentatives de germanisation qui les enserraient et les écrasaient, tout cela contribuait encore

(1) Cf. plus haut, p. 27, note 2.