La question de l'Adriatique

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diplomatiques n'avaient d'autre résultat que de faire bouillonner plus ardemment, chez les Yougo-Slaves, l'irrédentisme serbe. Au mois de juin 1914, le projet d'union serbo-monténégrine soulevait jusque chez les Slovènes de l'Istrie une attention passionnée. Un journal d'Agram, le Serbobran (27 juin), en exposait longuement à ses lecteurs les détails et la portée (1).

On comprend donc que, lorsque l'attentat de Serajevo, survenu précisément à ce moment-là (28 juin), eut donné à l'Autriche l'occasion si attendue, le gouvernement de Vienne ait voulu en profiter pour éteindre à la fois toutes ses difficultés intérieures par l'écrasement de la Serbie. La Serbie morte ou soumise, où serait l'irrédentisme serbe? On pensait donc à Vienne el à Budapest que l'heure était propice pour un réglement de compte qui ne laissät derrière lui aucune revendication, aucun nationalisme, aucun séparatisme.

L'embrasement de l'Europe donna au pro-

(4) Chose curieuse, la presse austro-allemande ne manifesta pas devant ce projet autant d'émotion qu'on aurait pu le supposer. Le Pester Lloyd se contenta de faire remarquer que la question était déjà ancienne et qu'elle n'avait jamais pu étre résolue; la Frankfurter Zeitung (5 juillet) s'y montra presque favorable, parce que, disait-elle, « celte union des deux Elals serbes est à la longue inévitable ». Mais le gouvernement austro-hongrois fut moins placide et interposa son velo. ‘