La Serbie
Samedi 11 Mai 1918 Nos 19
Dans ces changements continus de da politique autrichienne on peut toujours voir le reflet de la volonté allemande. Quand l'Allemagne convoyail ses commis-voyageurs socialistes à Stockholm el compiail avec l’action de Bolo et eansorts, elle jouail une politique de modération que l'Autriche, son lieutenant fidèle, pratiquail avec la plus grande énergie et dévouement. Mais aujourd’hui {ke pangermanisme déborde et la politique de fausse modération paraît superilue ;parce que les Centraux voient se réaliser leurs buts par les armes. Aussi Le pacifisme mielleux de Czernin est inutile, le jeu démocratique en Hongrie suranné et la liberté d'exprimer leurs doléances accordée aux peuples slaves et latins de l'Autriche, dangereuse.
Les révélations de M. Clemenceau ont accéléré le changement de poilique et ont contribué à ce que la politique austro-honcroise montre son véritable caractère. Plus que jamais on peut se rendre compile des buts actuels et futurs de la Monarchie.
Ils concordent tous avec ceux de l'Alle-
ge el jamais l'influence allemande m'était plus forte en Aulriche-Hongrie, bien que les Russes ne soient plus dans Îles Carpathes. Les changements acluels dans la Double monarchie sont À méditer par fous ceux qui, dans leur naïveté. croient à une action séparée quelconque de lAutriche-Hongrie. | F5
mn
Le drame de Sarajevo
— Fin du deuxième acte —
Le peuple allemand en dépil de sa phénoménale rapacité et de son espril profileur, n'en est pas moins trop prudent pour se laisser conduire par des apparences à la soi-disant «x nécessité d'une guerre». Des arguments factices ne pouvaient avoir de prise que dans ün milieu irivole, élourdi et aveuglé de mépris et de haine. Ces conditions, indispensables à l'excitation d'un peuple à La guerre, n'élaient réalisables qu'à Vienne qui abrite dans ses murs la population la plus vaine et la plus insouciante qui soit,
Le «cœur d'or viennois » {das goldene Wienerherz), ainsi que l’appellent les Viennois euxmêmes, était à tel point rempli de haine pour les Serbes, qu'il ne fut pas difficile à des meneurs habiles de mettre le peuple en présence du fait accompli ide la guerre.
La grande monarchie danubienne, toujours la menace aux dents. mobilisait donc chaque année depuis 1908, et il a fallu toute la ténacité de la diplomatie européenne pour mettre un frein, à la haine belliqueuse des Autrichiens. En 1915, Vienne annonça même à Rome sa décison d'ume guerre contre la Serbie; ce fut le marquis San Giuliano qui réussit alors À retarder cette «aventura - pericolosissima» (voir: « Mémioires -du- prince Lichnowsky). En outre, l'Autriche n'osail pas partir en guerre et attaquer la petite Serbie sans s'être préalablement assuré le concours sllemandi En 1914 ce dernier obstacle étant écarté Ja guerre se prêtant aux combinaisons de Berlin. la diplomatie européenne me fut plus en élat de sauver le monile d'une catastrophe, Avec Je concours du comie Tisza, Berlin réussit à échafauder le fait accompli d'une «déclaration de guerre tacilement soutirée du vieillard de quatre-vingtquatre ans qui occupait alors le trône des Habsbourg. L'assassinat de Sarajevo n'a été pour jes dirigeants de Vienne et de Berlin qu'une 5olution inespérée et telle qu'ils eussent à peine osû la rêver.» Qui sait si pourtant celte solution était aussi inespérée à Berlin et à Vinne? Qui sait si au contraire elle n'y a pas été calculée et préparée?» ‘« Gazette de Lausanne, No 114 21 IV, 1918).
Toutefois, «l'indignation profonde» du peuple allemand pour les assassins de Sarajevo, à l'Est de l'Europe, ne suffisait pas pour exciter les Allemands à amassacrer, à l'Ouest, les Belges, et à piller les villes wallonnes; donc l’étatimaor prussien «suggéra» l'attaque aérienne fran-
LA SERBIE.
çaise contre la « ville ouverte» de Nuremberg et se déclara en état de guerre avec la France;
Ainsi Berlin et Vienne avaient obtenu «leur guerre fraîche et joyeuse» tant désirée elles ne peuvent sortir aujourd'hui !
Des documents d'une valeur indiscutable dé montrent la préparation austro-allemande de cette uagique aventure mondiale. Les révélations Hu prince Lichnowski devoilent la préparation jprolitique. Au point de vue mercantile, c'est M. le Dr Mühlon, ci-devani membre du \irecloire des usines de Krupp, qui tire Je rideau. Il nous démontre que la guerre a été décidée, préparée et provoquée par le chef de Ja plus grande société anonyme d'armements, M. Krupp von Helbach-Bohlen, et son plus gros actionnaire. Guillaume Ilde Hohenzollern. Cette «grosse affaire», qui devait rapporter aux actionnaires de Krupp un dividende «pyramidal» inconnu Jusqu'à présent, fut selon M. Mühlon, combinée: et décidée encore dans le temps où le voyage de l'archidue François-Ferdinand à Sarajevo m'était pas même à l'état de projet. Ces révélations prouvent clairement que l'Autriche était dans les combinaisans le «spiritus movens ».
À ces deux révélations concernant le côté politique et mercantile des préparations de la guerre mondiale, s'en joint une troisième: dans sa brochure «Die Bundestreue», M. Wlad. Gelllich, {capitaine Ordon) Jette une lumière énaltendue sur le côté militaire des préparations austro-allemandes de celte catastrophe, la plus grande que l'histoire ail connue.
ait curieux et d'une piquante saveur: ce sont les puissances centrales elles-mêmes qui iournissent les preuves de leur responsabilité de la guerre mondiale, Après l'ambassadeur -allemand à Londres et le directeur de Krupp, c'est maintenant un capitaine d'Etat-Mayor autrichien qui laisse deviner comment Berlin, et Vienne jomentérent celte guerre.
L'auteur ne peut être que biem informé, ayant
longtemps séjourné en Russie jusqu'au début de la guerre, puis par son service } l'Etat-
Major autrichien. Il donne de la guerre une anterprétation toute spéciale qui vient compléter les révélations du Prince Lichnowsky et du Dr Müblon. {
Les indications qui nous sont données par M. Getilich sont des plus intéressantes, surtouf celles qui avaient élé tenues secrètes jusqu'alors et qui concernent la première offensive autrichienne en (Galicie et les imachinalions berlinoviennoises, dirigées ‘d'un côlé par l'empereur Cuillaume. If et de l'autre, par l'archiduc ;'rédéric, généralissime de l'armée habsbourgeoise. De ces données ressort clairement la bassesse du gouvernement viennois qui n'hésila pas à sacrilier des centaines de milliers de soldats autrichiens pour faire triompher le militarisme prussien et, ajoutons, pour avoir enfin «sa guerre» contre a Serbie.
Cependant l'auteur, peul-être à cause de 5a longue absence d'Autriche, passe sous silence un les chapitres les plus essentiels de l'origine de Ja guerre, à savoir les machinalions autrichiennes contre Belgrade. 11 risque ainsi d'entretenir l'illusion, contraire à toute vérilé, d'une Autriche victime, plutôt que complice de son alliée;
“c'est pourquoi sa brochure «Die Bundestreuc »,
malgré son importance, ne peut être considérée comme june explication complète des worigines de a guerre, mais seulement comme une des pierres angulaires de ce «casse-lête chinois» des responsabilités de l'excitation à la guerre mondiale. Les révélations du prince Lichnowsky, la lettre du M. Mühlon en sont les auires pierres. Le tableau s'éclaircit de Jour en jour et démiontre déjà aujourd'hui que les coupables ne peuvent être cherchés qu'à Berlin et à Vienne.
Il me manque plus que la pierre la plus essentielle de cette énigme: celle qui concerne la responsabilité de -l’asssassinat de Sarajawo.
Et justement aujourd'hui où tout le monde attend l'éclaircissement de ce mystère, le bureau officiel (de cortespondance de Vienne annonce que le Jeune meurtrier de l'archiduc Françoisd'erdinand, Gawrilo Princip, vient de mourir de Îa «tuberculose des 6». Curieuse coïncidence! Ce n'est plus la brochure «Die Bundestreue» du capitaine Gettlich, mais bien som travail précédent «Oesterreichs Schicksalstunde» qui doit être tiré de l'ombre. A la page 16 de cet ouvrage, l'auteur cite Le conseil d'un officier autrichien
dont .
pour le traitement des prisonniers slaves: « Il faut que nous leur inoculions le bacille de la tuberculose, pour qu'ils en périssent peu àpeusl[l Et cest de la tuberculose des 0$ que Gawrilo Princip est mort; il avait été condamné à la réclusion perpétuelle, tandis qu'il n'avail pas encore 20 ans. Ses deux camärades ont été pendus. Ainsi mous n’apprendrons plus rien d'eux, nous ne saurons plus de Jeur bouche qui leur a suggéré l'attentat de Sarajewo.
Mais... le comte Tisza vit encore.
Qu'on attende le 3e acte de la tragédie!
À. B.
Les « quatre » royaumes bulgares
Ou comment les professeurs bulgares F fabriquent l'histoire
Nous trouvons dans leEcho de Bulgarie » du 3 avril, un doeument amusant sur la façon dont les Bulgares fabriquent l'histoire. Un certain Zlatarsky, qui enseigne l'histoire bulgare à l'Université de Sofia, a découvert quatre Elats bulgares au Moyen-Age. Voici ce qu'il en dit:
«A la veille de l’invasion ottomane dans la presqu'île des Balkans, la Bulgarie était partagée en quelques Etats séparés: royaume de Tirnovo; royaume maritime; principauté du nord de la Macédoine (Kustendi), royaume de l’ouest’ (Krali Marko), royaume de l’est (Ouglesch). Tous ces petits Etats furent un à um très facilement subjugués par les Osmanlis. »
Ainsi, la clé de l'énigme balkanique est trouvée. Au lieu de parler d'une Bulgarie il est beaucoup plus commode de dire que tous les Etats balkaniques au MoyenAge furent des Etats bulgares, s'étendant de Belgrade à Andrinople et des bouches du Danube à l'Adriatique, comme le fait ce professeur d'«histoire» bulgare. On n'a plus alors besoin de justifier Les prétentions sur les terres serbes, grecques où Troumaines. Toul est bulgare, tout était bulgare !
IL est utile d'ajouter que ce sieur Zlatarsky n’est pas tout à fait inconnu C'est lui qui a tracé les cartes fantastiques publiées par Rizoff dans son fameux Atlas. Comme le papier et les couleurs supportent tout, l’historien bulgare s’est librement promené sur toute la presqu'île balkanique marquant les frontières bulgares partout où bon lui semblait. Cest ainsi qu'il lui est arrivé le malheur de désigner comme Bulgarie de 1355 l’Empire serbe dè Douchan le Puissant, précisément de la même époque. Voyant que cetle farce ne pourra pas réussir, le professeur Zlatarsky s’est dépêché de l'expliquer, et c’est là qu'il faut chercher la cause de sa trouvaille ingénieuse de quatre Bulgaries!!
Ce que les Bulgares racontent aux Serbes en Serbie
—,Les potins d'avril —
.L'organe officieux bulgare pour les régions occupées, le « Moravski Glas » du 28 avril, publie en gros caractères ct en tête du journal, sous le titre sensationne «Une séance sanglante dans la Skoupchtina serbe à Corfou», l'information suivante:
« A la première séance de la Skoupchtina fut élu président M. Georges Bratchinatz commerçant très en vue de Rajan, membre de l'opposition, du parti nouvellement formé des « dissidents », [Le premier qui parla fut Nicola Pachüteh. Il fil un long exposé de toute sa politique en exil et se déclara à la fin partisan de la politique alliée, c’est-à-dire de la continuation de la guerre jusqu’à la victoire. Lorsqu'il eut
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terminé son exposé, Pachitch demanda le vote de confiance. Sur 118 députés pri sents, 104 ont voté! 14 se sont abstenus. Le vote a donné 50 voix pour la politique de Pachitch et 54 contre elle.
« Après le vote, on donna la parole au député Minitch, qui est prêtre el qui jouit dune grande popularité dans la Skoupchtina, surtout auprès des amis de Pachitch. Le prêtre Minitch se déclara très satisfait de la politique suivie et adressa au Parlement un appel tendant à appuyer le gouvernement dans la continuation de la lutte jusqu'à la victoire. Après Minitch, ce fut Alexa Jouévitch, de lopposition, : prafesseur à l’Université de Belgrade, qui prit la parole, Jouéviteh exprima les sentimienis de touite opposition, attaquant violemment Pachitch «et sa politique sanglante. « Nous ne demandons plus au peuple serbe de suivre la politique néfaste du gouvernement actuel. Cest un devoir sacré pour nous tous de demander la paix, afin de sauver le reste de notre peuple. » A louiïe de ces paroles, les députés gouvernementaux se mirent à crier et à prolesler, ce. qui excita encore davantage l’orateur. Au milieu du tumulte, Jouévitch sortit de: sa poche un revolver et tira plusieurs baîles sur Müinitch, qui s’affaissa tout en sang.
«Le ministre de la guerre tira de son côté, du banc des ministres, sur Jouévilieh! et le tua sur le coup. Une confusion indiescriptible s'en suivit, les députés Se sauvèrent de tous côtés, par les portes et Les fenêtres. À ce moment, quelqu'un tira sur Pachitch et le blessa.
« Cet incident sanglant obligea le gouvernement de démissionner. Le princehéritier vint à Corfou, de Salonique, x entama des pourparlers avec les chefs de l'opposition, en vue de la constitution d’un cabinet de coalition. Mais tous les efforts du prince Alexandre restèrent vains. L'opposition avait formulé les conditions suivantes pour la coalition: 1. Conclusion de la paix avec les puissances centrales et leurs alliés; 2. Abdication die: la dynastie des Karageorgevütch du ‘trône Serbe. Comme il n’a pas été possible de former un ministère de coalition sous de telles conditions, Pachitch a repris les rênes du gouvernement. » :
Et les Bulgares s'imaginent que la population serbe va croire à boutes ces fantasmagories !!
Une importanté réunion
Nous apprenons que le mercredi 15 mai aura lieu, à Genève, une grande.réunion concernant les affaires de Grèce et de l’hellénisme.
Les personnages les plus en vue de la Suisse romande préteront leur concours actif et les meilleurs oraleurs de Genève y prendront la parole. Un sujet si intéressant ne manquera pas d'attirer une grande affluence.
Nous recommandons chaudement cetie réunion à nos amis et à nos lecteurs.
Persécutions helléniques
Nous venons de recevoir une brochure intitulée: «Persécutions helléniques », contenant les rapports officiels et autres documents importants. Ces rapports étant constitués par des pièces officielles (consulats et ambassades), il ne peut y avoir aucun doute sur l'authenticité des faits y imentionnés.
Après les Arméniens, les Syriens et les Grecs. La, diste des martyrs est au complet.
Nous nous proposons de revenir sur celte brochure, d’un intérêt capital, dans notre prochain numéro.
La carrière d’un chauvin balkanique
Le ministre de Bulgarie à Bern, M. Dimitrié Rizoif, qui vient “de mourir, était du nombre de ces diplomates qui sont restés très en relard sur les idées contemporaines, incapables de suivre le courant de l'évolution moderne: il ne pouvait se mettre au pas de à civilisation actuelle. Ces diplomates quitient le monde tels qu'ils y sont venus; partisans des idées d'il y a trente ans, ils leur restent attachés pour trente ans encore. C'est pourquoi la fin de la carrière politique et {diplomatique «de, M. ‘Rizoff ne differe guère de son commencement. Tout en étant ennemi déclaré des Slaves, Rizoïf faisait souvent les yeux doux aux Serbes; bien qu'anti-démocrate avéré, il s'habillait plus que mmodestement pour masquer son anti-démocratisme !
Macédonien, il lait entré dans la vie politique comme publidiste et chauvin incorrigible. Pour lui, comme pour tout le troupeau des journalistes bulgares, la Macédoine était une terre bulgare habitée exclusivement par les Bulgares. Toujours fidèle aux iraditions de la pélitique chauvine bulgare, Rizoff appuyait sa thèse de la Macédoine «bulgare» sur des droils historiques imaginaires et sur une ethnographie falsifiée que l'on assaisonmait, au Comité macédonien el au Miñistère des Affaires étrangères de Sofia, de Plus d'imagination chauvine que d'impartialité scientifique. Bien que Îles Bulgares aftectassent devant l'Europe d'être eux-mêmes Convaineus que la Macédoine est exclusivement bulgare, äls n'ont pas hésilé À recourir aux moyens, très elficaces et très persuasifs, selon leurs conceptions, par lesquels ils tentent de rendre la Macédoine elle qu'ils désireraient la voir. Un de ces moyens bulgares fut la « propagande par l'action», Comme ïjls la dénommèrent, c'est-à-dire la propagande par le fer et par fle feu. Cetle propagande devait inculquer aux Macédoniens leur «vraie» nationalité, car, toujours selon les Bulgares, pour rendre un peuple “conscient de sa nationalité et pour lui inspirer des sentiment patriotiques, il faut faire usage de la manière forte. et san glante. Ni les deux révolutions soulevées perfidement par les Bulgares, ni toutes leurs intrigues en Europe, ni leur propa-
gande terroriste en Macédoine m'ont abouti à ce qu'ils escomptaient: en dépil de toutes les mesures coercitives el criminelhgn dont äls sont les pauvres victimes, les Serbes et les Grecs fe Macédoine restèrent fidèles à leurs nationalités respeclives, refusant loujours de se faire tartariser par les Bulgares.
Provequées par la propagande terrorsté bulgare exercée sur la population serbe et grecque de, Macédoine, da Serbie ret la Grèce se virent appelées à protéger leurs frères macédoniens et à parer à la propagande de Sofia. A Ja fin du compte, les Bulgares, ot l'rurope durent se convaincre que la question macédonienne ne peut recevoir une solution satisfaisante qu'avec le concours de la Serbie et de da Grèce. C'est Mans cette conviction-là, formée um. peu tard il est vrai, qu'il faut chercher le germe et les motifs de l'Alliance ‘balkanique de 1912 qui a été, en son temps, l'expression d'une politique réelle et qui fut, pour cela même, Hétruite, avec le concours de M. Rizoïf, par les Puissanceg centrales.
À «elle époque, M. Ritzoff, quoique serbophobe convaincu, entreprend, non sans arl son petit jeu serbophile en se servant de ous les inoyens imaginables. Dans ses interviews et entretiens, il prenait constamiment l'attitude d'un, serbophile Jéclaré qui, à cause de son amitié pour les Serbes, était mal vu par se5 com palriotes chauvins. Sa femme est une Serbe du Monténégro, fille de M. Voulelitch, hôtelier de Cettigné; Rizoff Jui-me parlait parfaitement le serbe ‘il était Macédonien), ce qui lui savait walu notre pleine ccnfiance en Son jphiloserbisme, Armé de ces moyens et en homme rusé qu'il était, Rizoff comptait, en premier lieu, sur notre sentimentalité et, à en croire son propre aveu, il était satisfait de son rôle sentimental. Au mois de novembre 1911, le Dr Milovancvitch ayant accompagné le roi Pierre à Paris, se rencontra là avec MM. Rizoff et Stancioff, pour discuter] les modalités de l'alliance serbo-bulgare et les détails de la f&Himitation des fnentières territoriales. Le Dr Milovanovitch était réaliste dans sa politique, mais il fut en même temps un grand patriote qui méprisait la phraséologie et la déclamation politique. Ceci, cependant, ne devait pas empêcher les deux Bulgares da spéculer sur sa sentimentalité. Au cours d'une conférence de ces trois diplomates, Stuncioff eut l'idée de Sortir pour quelques instants
de Ja salle des séances afin de laisser MM: Milovanowitch et Rizoïf en têle-à-têle, ce dont Rizoff profita pour faire à M. Milovanovitch ces importantes déclarations :
«Tu sais bien (MM. Milovanowitch el Rizoff se tutoient depuis longtemps) que mon dévouement fatal à l'idée d'une entente définitive entre la Serbie et la Bulgarie m'a attiré bien des soupçons de la part de mes compatriotes et il me semble que lu peux croire à ma sincérité et à ma franchise absolues dans cette «affaire. Eh bien! je fe jure sur ma patrie et mon honneur que {c'est noire dernière tentative d'arriver à une entente et que jamais plus a Serbie ne trouvera un gouvernement bulgare mieux disposé que Île gouvernement actuel pour conclure une pareille entente avec la Bulgarie.» (v. Guéchoff: « L'Alliance Balkanique», pp. 51 ét52.)
Mais la comédie ne devait pas s'en tenir à. Ce fut précisé ment à ces mots que Stancioff rentra… Les deux comédiens [ne se idoutajent guère qu'ils avaient affaire à un diplomate avisé et {pénétrant qui connaissait à fond la mentalité grossière des Bulgares.
Atyÿant commencé sa carrière pclitique et diplomatique comme anli-slave, M. Rizoff l'a terminée comme tel: en 1885, en tant que disciple de Stambouloff, il combattait l’«influence russe» en Bulgarie; en 1915, en tant qu'adorateur des méthodes et {de la politique des Centraux, il travaillait, infatigabldment et avec passion À jeter la Bulgarie dans la guèrre contre la Serbie et la Hussie, Publiciste, il entra en chauvin dans la fvie (polis tique; diplomate, il la quitta en chauvin. Et sai publication récente, accueillie même par l'opinion publique allemande avec loutes les réserves possibles, en a fourni les meilleures preuves.
M. Rizoff ne fut à aucun moment démocrate. Il débuta (dans la carrière diplomatique comme partisan (de Stambouloff, comme partisan d'un régime qui étouffait par la terreur et par la violence les principes démocratiques. Il termina sa cantère politique en partisan fervent du régime du gouvernement personnel, du goût de celui du poing prussien, «des casemates autrichiennes ét de la «tolérance» magyare envers toutes les races non mongoles.
PSE