La Serbie

‘ RÉDACTION et ADMINISTRATION …_ F @, rue du XXXI Décembre - Genève | Téléphone 14.05

Un exemple frappant de l’art que la diplonatie a d’embrouiller les choses nous est fourni

® Rhin à la question adriatique, er de placer

ainsi les revendications italiennes sur le même terrain que celles de la France. Cette tactique __ de Ja délégation italienne est accueillie en

__ de majorité du peuple français est opposée à _ ce que les légitimes prétentions françaises soient exploitées pour des fins impérialistes italiennes. Nous avons déjà signalé les velléités italiennes, qui se sont manifestées d’abord sous

. ja forme du bloc latin. et qui ont fini par se préciser davantage et se présenter sous leur aspect véritable, celui des compensations. L'Ita… lie a été par trop habituée au système des compensations consacré par le traité de la Triple-Alliance, pour pouvoir l’abandonner facilement. Comme elle voit aujourd'hui la France en situation de prendre des garanties réelles contre l'Allemagne, elle voudrait profter de l’occasion pour réaliser ses projets im- périalistes dans l'Adriatique. Détournant le sens et fa nature des revendications françaises et

_ s'inspirant du système des compensations, l’Italie cherche à justifier ses demandes en tentant * de démontrer que les annexions qu'elle projette n'introduiront pas en Îtalie plus d'éléments étrangers qu'il n’y en aura dans d'autres pays a

Qu'il nous soit permis de dire nôtre opinion - au sujet des revendications françaises, bien qu'il eût êté plutôt du devoir des publicistes français de faire leurs réserves à propos de la tactique italienne. Le peuple serbe, avec tous ses frères _croûtes et slovènes, connaît trop le danger érmanique pour ne pas souligner chaque mot du programme politique de la France. Nous sômmes tous parfaitement conscients du fait qe que le peuple allemand se relèvera, tôt ou _ tard, de sa défaite, et qu'un retour offensif de sa part n'est pas exclu. Nous n'avons pour ce _ qui nous concerne, aucune envie de nous ar: ranger avec l'Allemagne, malgré ses transfor_ mations républicaine et socialiste, et comme .… l'héroïque France ne manifeste, de son côté, pas le moindre désir d'une entente ultérieure avec le germanisme, nous nous trouvons sur _ la même ligne qu’elle. Sans parler des sym-

pathies profondes que nourrit notre peuple

pour la France et dont tous les Français qui

connaissent notre pays ont pu se convaincre

sur place, nous avons donc un intérêt essen_tiel à rester unis à la France par notre politique extérieure. Le même ennemi nous guette _ ei nous comprenons, nous sentons profondément même la nécessité dans laquelle se ouve la France, meurtrie par une agression criminelle, de demander des garanties réelles contre le renouvellement d’une pareille catastrophe. Mais c'est précisément parce que nous | approuvons complètement et intégralement le | point de vue français dans la question de la frontière du côté du Rhin — point de vue Qui n’est nullement annexionniste et qui n'est … dicté que par des raisons de légitime défense Que nous repoussons avec la plus grande _ énergie la tentative italienne qui vise à nous

identifier avec les Allemands et à prendre des _ Saranties aux dépens de notre intégrité natio-

nale.

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= des arguments français soit reconnue par la Conférence et que nos grands amis de France, 5 auxquels nous devons une gratitude étern elle, fe trouvent au lendemain de la paix au moins

Nous souhaitons vivement que la justesse

Prix du Numéro: 10 Centimes |

Paraissant tous les Lundis

Rédacteur en chef : Dr Lazare MARCOVITCH, professeur

Le Rhin & l'Adnie

tique

dans un état de sécurité relative. Nous ne marchandons pas notre amitié ét notre amour, mais ce que nous pouvons dire franchement et ouvertement c'est que, lorsque sonnera pour elle l'heure du danger et quel que soit ce danger, la France peut être certaine de nous retrouver à ses côtés. Et en disant cela, nous savons que nous exprimons les unanimes de toute la nation serbo-croatoslovène. sentiments

L. M.

L'incident diplomatique

relatif au ministre d'Italie à Belgrade

(Communiqué officiel du Gouvernement )

Le 19 décembre dernier, par l'intermédiaire de son chargé d’affaires, à Belgrade, le gouvernement italien a demandé l’agrément de notre cour royale à la nomination de son nouveau ministre plénipotentiaire, prince Livio Borghèse, remplaçant le ministre comte Sforce. Le gouvernement royal a répondu, le 21 décembré. par son acceptation. Le nouveau ministre est arrivé à Belgrade et a remis ses lettres de créance au ministre royal des Affaires étrangères, Cependant, le 21 ‘évrier, un événément important était survenu entre le moment où fut donné le consentement du gouvernement royal et l’arrivée du nouveau ministre. Le 25 décembre dernier, fut notifiée, comme on le sait, la création du nouveau royaume des Serbes-Croates et Slovènes. Ainsi que tous les Alliés, l'Italie fut informée de cet acte. Les lettres de créance de Son Excellence le prince de Borghèse étant adressées à Sa Majesté le roi de Serbie, le ministère des Affaires étrangères a fait savoir à Son Excellence le ministre que ses lettres ne pouvaient être acceptées après la notification de la création de notre nouvel Etat, car elles étaient adressées à Sa Majesté le roi de Serbie et par suite ne portaient pas les titres réguliers dûs au souverain. Accepter, en effet, un acte semblable serait donner son agrément contrairement à la notification du 25 décembre et le gouvernement royal encourrait de ce fait une grave responsabilité, et cela pour des raisons évidentes. Il est vrai que le royaume d'Italie n’a pas reconnu le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, mais le

gouvernement royal ne.peut en ce qui le.

concerne accomplir un acte en contradiction absolue avec les lois fondamentales du

nouveau royaume réconnu déjà d’ailleurs

par les gouvernements de Norvège, de Grèce, des Etats-Unis et de Suisse. En présence de cette situation, et Convaincu que cet état provisoire serait de courte durée, le ministre des Affaires étrangères, a proposé au nouveau ministre de remplir officieusement ses fonctions jusqu'à ce que la question de la reconnaissance soit réglée. Le ministre italien n’y à pas consenti. Il est parti peu après en congé pour. Budapest, ainsi qu'il l'a déclaré au sous-secrétaire d'Etat des Affaires étrangères. Le royaume d'Italie continue donc à être représenté par un chargé d'Affaires comme il l'était avant l’arrivée de Son Excellence le prince

Livio Borghèse.,

ce cas-là, d'établir des rapports réguliers f

à l'Université de Belgrade

JOURNAL POLITIQUE HEBDOMADAIRE

Suisse....... Gfr. — par un

aonmEMENT } Auîres pays. Ofr.— » 1

| Combattons le bolchévisme !

Le problème russe commence à inquiéter même les plus optimistes. On s’aperçoit, un peu tardivement, que toute politique doit être faite d'action et que, d’une façon -Gu.d'une-autre,.ilfaut réagir contre tout un ouvement. destructif qui menace @e 66 -ispandre partout où l’on a eu l’imprudence &e l’accueillir les bras croisés. L'erreur fondamentale de ceux qui s'opposent à une lutte ouverte contre le gouvernement bolchéviste et qui allèguent l'obligation que l’on aurait de ne pas se méler des affaires intérieures russes, réside précisément dans la fausse conception qu'ils se font du bolchévisme et de sa nature propre. Les bolchévistes ne représentent pas un parti russe qui aurait conquis le pouvoir et qui serait actuellement combattu par d’autres partis politiques. Si les bolchévistes étaient un parti purement russe, il ne serait que logique de s’abstenir de toute intervention ‘en Russie. Le devoir des Alliés serait, dans

‘avec lé gouvernement de Lénine et de les maintenir aussi longtemps que celui-ci exercerait le pouvoir d'Etat. Malheureusement, ét c’est sur quoi il importe d’insister, les bolchévistes ne représentent pas un des partis politiques russes. Ce sont des gens qui se proposent dé gouverner seulement la Russie, mais monde entier. * On se trouve en présence d’un cas toutà-fait nouveau. Un gouvernement d'Etat prétend se mêler des affaires intérieures es autres Etats, pour les transformer ei les adapter à ses principes et à sa doctrine sociale. Les Alliés ont beau vouloir se tetrancher derrière 1e principe de la nonintervention, les bolchévistes cultivent, eux, la théorie opposée, celle de l’intervention active dans tous les pays. Si les Alliés ne vont pas chez les bolchévistes ceux-ci iront chez eux, car ce n’est pas l'envie qui leur en manque.

Il est à remarquer que le bolchévisme est parfaitement conscient de l’envergure de son action, et qu’il poursuit son but avec une ténacité extraordinaire. Sa doctrine repose sur des arguments tirés de l'organisation internationale contemporaine. Les bolchévistes font valoir le fait que les grandes puissances, qui représentent l’ordre social actuel, s’arrogent le droit de gouverner le monde et de former même une Ligue des Nations, organisée en somme sur la base des rapports existants. Partant

Tr non+ l'Europe et le

de là, iis estiment que pour faire triompher leurs principes, ils sont autorisés, eux aussi, à empiéter sur les affaires intérieures de tous les pays et à préparer l'établissement du pouvoir terroriste de la masse. Aucune: atuéctique au monde Né pourra convaincre les chefs hbolchévistes qu'ils sont dans le faux, ou qu'ils y sont plus que les chefs des démocraties contemporaines, avec leurs théories sur l’évolution progressive, D’après la doctrine bolchéviste, une théorie vaut l'autre, et c'est à qui l’emportera.

Aussi, ne pas vouloir combattre le bolchévisme directement, là où se trouve son foyer principal, c’est-à-dire en Russie, estce faire preuve d'une faiblesse coupable, dont les conséquences peuvent être funestes pour l'avenir de l'humanité tout entière ?

Le bolchévisme n’est pas la Russie, et il faut se guérir de l'illusion si répandue qu’en combattant les bolchévistes, on se mélerait des questions intérieures russes. Répétons-le : en tuant le bolchévisme, on ne tue pas un parli politique russe, mais un mal international qui a son siège central en Russie, mais qui n’est pas spécifiquement russe. |

Lorsque nous disons que les Alliés doivent combattre le bo!chévisme directement et énergiquement, nous ne pensons pas que l’unique moyen consiste dans l'envoi de fortes arméés alliées en Russie. Si cela est nécessaire, il faudra cependant le faire, car il est préférable, en tout cas, de se battre contre les bolchévistes en Russie, plutôt que sur le Rhin. Toutefois, avant de songer à de telles entreprises militaires, la première chose à faire est de se décider à reconnaître qué le bolchévisme est un ennemi redoutable qu'il faudra écraser, dans le sens libéral du mot. Ne pactisons pas avec un mouvement qui sème la terreur et qui tend à la ruine de Ja société contemporaine. Pas de compromis avec un gouvernement qui se servirait d’un accord tacite pour prendre du souffle et pour recommencer avec de nouvelles forces le siège de l’Europe contemporaine! Se dissimuler le danger bolchéviste, c’est compromettre la paix si chèrement payée, c'est exposer les peuples à une nouvelle épreuve; plus terrible que celle que nous venons de traverser. Et du moment que les pays de l'Europe orientale sont le plus menacés à l'heure actuelle, c'est par eux que l’Europe doit commencer sa croisade contre le fléau bolchéviste,

La seconde révolution magyare

Par sa forme, la révoluion magyare qui vicnl de se dérouler se distingue 1rès peu de celle de novembre dernier. Pressé, alors, par la crainte de l'invasion des fioupes françaises et serbes venant de Macédoïne, le comte Tisza et autres comtes se relirèrent en bon ordre de la politique du jour et lea gouvernail du baleau d'Etat. fut pris par le comte farolyi, qui Se proposa de sauver l'intégrité de J'Etat magyar, c'est-à-dire, à: domination de 9 millions de Magyars sur un nombre égal de mon Magyars. Ce ne fut que plus tard que les Magyars consenlirent un sacrilice à l’Enfente. Ils assas ünèrent le comte Tisza, dans l'espoir d’être richement compensé pour avoir sacrifié un bouc-émissaire « coupable ».

Ce fut à peu près lout le sang que la première révolution magyare a coûlé à là Hongrie. Les frais en sang de a seconde furent nuls. Le communiste Kun Béla, emprionné h'er encore, devient sur un signe de Carolyi, le commissaire du peuple aux affaires étrangè-es. iLes commissaires, prisonniers d'hier, se fusionnent avec les social-démocrates, ceux-là mêmes qui les avaient enfermés. Ce processus se fail sans

F lutle, sans qu'une goutte de sang soit versée.

L'« Ami da l'Entente », le comte Carolyi, n'a pas été lué, il ne le sera jamais, car il ne doit pas être lué. |

Voilà en quoi consiste la différence entre les

deux révolu'ions magyares. Si l'on veut aller au

fond des choses, on voit que celte diférence microscopique n'est qu'apparente et que les deux révoluions so ressemblent comme deux gouttes

d'eau. Elles ont Toutes deux le même mobile que voici: |

La Hongrie « millénaire » est l'équivalent pour les Magyars de la douce jouissance des longues années de domination. Tandis que, pour les peuples non-magyars do Hongrie, ce même terme signilie une longue série de souffrances dans l'esclavage. Là se trouve Ja clef du problème: les Magyars ont engagé loutes leurs forces frour l'intégrité de leur domimation, et les mom Magvars ont lutté pour détruire cette domination. ,

Nous ne pouvons que reconnaître que les Magyars, jusqu'à là grande guerre, ont mormuré la puissance de leurs instincts de domination! Ce n’est qu'à présent, dans les circonstances actuelles, que leur ïinslinct de domination les a trompés. Tous les Magyars croyaient en, Ja Prusse et l’adoraient. Ils croya:ent tous à la victoire de Guillaume, tous ils ki désiraient. Du nombre est aussi « l'ami de lEntente », le comte Carolyi. Nous nous rappeons la déclara'ion qu'il fil aw commencement de la guerre au mom de son parti, au parlement hongrois. Son unique désir en cas de victoire élait, que les Magyars fussenÿ honorablement récompensés pour Les servicas qu'ils rendaient aux Habsbourg. Celte récompense devait consisier dans la proclamation de l'indépendance de la Hongrie qui aurail eu ainsi de plus grandes facilités pour tyranniser les non Magyars.

En 1916, sous Les coups de j'offensive re Broussilov, le comte Carolyi commença à doutex de la victoire de Guillaume. I devint l'adversaire