Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

DANS L'ATTENTE DE LA DÉCISION GRECQUE 27

exhale son plus subtil parfum. Nous sommes à une époque prochaine de la cueillette. Dans les plantations, des ouvriers turcs, hommes et femmes, émondent les feuilles superflues. À peine à notre passage, lèventils la tête. Est-ce même pour suivre des yeux notre escadron ou bien pour se perdre dans le rêve d’éternel fatalisme où Mahomet plongea leur race, il y a quinze siècles ?

Le commandant a poussé sa monture vers la mienne. Il me dit :

— Pour avoir seulement pensé à céder ce bout de plateau au Bulgare, Venizelos dut se démettre, il y a six mois. Les diplomates européens qui parlaient d’une entente entre Sofa et Athènes n’ont donc jamais lu dans le cœur d’un Grec ? Il y a trop de sang entre la race bulgare et la nôtre. Les Alliés nous proposèrent de marcher contre l’Allemand, contre le Turc. Nous n'avons pas bougé ! Quand il s’est agi des Bulgares, nous avons mobilisé en douze heures! Jai lutté contre eux à Kilkisch. Derrière leurs talons, j'ai pénétré à Serès, à Drama. Ils