Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

44 LE DRAME SERBE

veut dire : « Entrez! » La porte s'ouvre. Vous êtes dans le cabinet de travail du maréchal Poutnik. Vous êtes dans une chambre au plafond de poutres équarries, aux murs blanchis à la chaux. Une chambre si nue qu'un percepteur de campagne n'en voudrait pas lui-même. Dans cette chambre il y a une grande table de bois brut, trois chaises de paille, Sur la table une carte et un téléphone. Il y a encore une alcôve avec un lit. Rien de moins, rien de plus. Le lit n’est pas un de ces lits de camp sur lesquels les chefs d'armée sommeillent entre deux batailles, Ce lit est un vrai lit, un lit avec des draps, beaucoup d'oreillers, un lit de malade qui sent la fièvre. De ce lit sur lequel il reposait tout habillé, Poutnik s’est dressé. J'ai devant moi un vieillard aux gestes tremblants, au pas chancelant. La main se crispe au dossier d'une chaise dans l'effort que le maréchalfait pourmaîtrisersatouxsaccadée.

— Vous comprenez, me dit d'une voix sourde le généralissime, voilà quinze jours que je ne m'étais pas levé.