Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

AU GRAND QUARTIER SERBE 4

Je suis infiniment ému devant ce vieil homme de guerre. Dans la face aux traits ravagés par la maladie, les yeux vivent seuls, des yeux d'acier, miroir d'une âme indomptable. Un esprit si puissant dans une chair si faible ! Depuis quatre ans l’admirable vieillard, pour qui chaque heure semble être la dernière, en est à sa cinquième guerre. Cinq guerres qui n'en font qu'une, longue, terrible, implacable, une guerre titanesque. On a combattu le Turc, le Bulgare, l'Albanais. Voilà dix mois à peine on a vaincu l’Autrichien. Emotionnant anniversaire, Les Serbes sont sur la Drina. De belles positions, mais les ravitaillements français ont du retard. Le manque de munitions a rendu silencieuses les batteries. L'infanterie se trouble de ne plus entendre derrière elle le grondement ami des canons du Creusot. C’est la retraite imposée sous la protection des derniers obus. Et aussitôt l’assaut des Autrichiens contre les tranchées vides de Goutchevo ! Puis vient le tour de Chabatz, de Lodniza, de Krou-