Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

96 LE PACTE DE FAMINE

ser plus de 400,000 septiers de blé, distribuer de grosses indemnités aux boulangers, donner du riz et de l'argent aux pauvres infirmes, assigner des sommes considérables pour procurer pendant l'hiver du travail aux pauvres valides #.

Nous avons vu précédemment quelle fut la conduite du Parlement de Rouen ? ; comment, après s'être fait l'écho de dénonciations mensongères, il dut faire parvenir ses excuses au Roi. Pour donner plus de retentissement à cette amende honorable, le 20 octobre 1768, la chambre des vacations du Parlement de Paris arrêta des remontrances « sur la nécessité d'examiner, sans delai, la nouvelle administration à laquelle on attribuait la cherté progressive du pain, »et le 10 novembre, il fut ordonné, par Lettres Patentes, que « par la cour du Parlement il seroit procédé contre ceux qui, de dessein prémédité, auroient causé le renchérissement des grains par quelque manœuvre que ce soit, ainsi que contre ceux qui, méchamment, auroient semé ou accrédité les bruits de ces manœuvres par des propos ou des écrits. » Le 2 décembre le Parlement, prèsidé par d’Aligre, remercia le roi des secours qu'il avail eu la bonté de procurer à la ville de Paris, pour les subsistances de ses habitants, et supplia Sa Majesté de vouloir bienles continuer. Il demanda de plus, une modification des édits de 1764 et de 1765, et de réglementer les achats et ventes de blès de telle sorte que les habitants et les boulangers puissent s'approvisionner ; il était d'avis de supprimer l'exportation des grains et farines jusqu'au retour de l'abondance, et, provisoirement, il interdit les traites foraines pendant un an.

L'on savait qu’une série de dénonciations étaient parvenues au Parlement de Rouen (juillet et août). L’on donna ordre à la police de surveiller tontes les expéditions qui seraient faites pour cette province et d'ouvrir toutes les lettres qui paraîtraient suspectes.

1. «Il est bon d’apprendre au publie que la plus grande partie des grains achetés par le Gouvernement est restée sans débit et à la charge du Roi; qu'il a fallu en déposer 40,000 septisrs dans les greniers de Corbeil, en attendant qu'ils puissent être employés ; que les cris de la frayeur ont ainsi coûté inutilement à la nation des sommes considérables ; qu'il ne faudrait pas pour cela crier ax monopole et contre des Compagnies qui n’existent pas. » Roubaull, op. cit., 409. Pen lant le cours de Pannée 1769, le gouvernement fit distribuer gratuitement 952,130 boites de remèdes aux indigents. Louis XVI en tripla le nombre. Bn A. de Calonne, La Vie agricole sous l'Ancien Régime en Picardie et en Artois, p. 231. D’après des documents relevés aux archives de l’Aisne et de la Somme.

2. Voy. Première partie, p. 32.