Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

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Vincennes, mais pas ceux relatifs à Charenton, Bicêtre et Bercy, où il serait resté de 1776 à 1783 (p.100). Or Le Prévôt ne quitta Vincennes qu'en 1784; il le reconnaît lui-même quelques lignes plus loin.

Dans les premiers jours de 1784, il venait d'achever un ouvrage commencé depuis cinq ans : « L’art de règner ou la science, d’après l'Écriture sainte, du vrai gouvernement de la monarchie française dans ses soiæante-siæ branches. Cet ouvrage étoit si considérable, qu'il auroit fourni à l'impression près de 20 vol. in-8r ; — 20 volumes, sans compter ceux qu'on lui a volés precélemment; pour un homme périssant tous les jours, mourant, agonisant d'inanition dans l'horreur des ténèbres, c’est un tour de force à noter.

Il faut croire que Le Prévôt avait garde des relations avec le dehors puisqu'il reconnaît qu'il avait fait proposer « aux imprimeurs associés de la rue Saint-Jacques... de mettre ce livre au jour pour leur compte, sans demander de privilège. Ils n’oséreni l’entreprendre. » Ce qui est tout à faitimprévu, c’est la révélation de Le Prévôt ajoutant que Vergennes, Breteuil, Sartine et Le Noïr employaient tous leurs moyens pour lui enlever cet ouvrage, parce qu'ils se doutaient bien qu'ils y étaient accusés.

Voici le moyen qu'ils emploient: le 29 février 1784, on vient lui dire qu'un envoyé du baron de Breteuil le prie de passer au ministère de la maison du Roi, afin de faire savoir directement à ce ministère les circonstances de son affaire. Le Prévôt refuse, ne voulant pas abandonner ses papiers. — Ces féroces tyrans n’osaient pas les lui enlever de vive force : — « C’est à votrenouveau ministre de venir me voir, » dit-il, « et non pas à moi à l'aller trouver. » — Ces mêmestyrans se laissaienttraiteravec quelque désinvolture.—Tandis qu'il rend ses réponses, «sans perdre de temps, ajoute-t-il, je fais pour le Roi une lettre dans laquelle j'insère mon plan d'Uriversi té loyale-civile-politique-économique et morale; puis je. mande au baron que ma santé, ma situation, la cause de ma détention, qui ne m'a cependant pas êté déclarée, la nudité dans laquelle me retient depuis dix mois mon despote geôlier, la privation de mon bois et de ma chandelle, mille autres raisons qu’une lettre ne peut expliquer, ne me permettent pas plus de me déplacer que lui; que, s’il est zèlè pour remplir ses devoirs etsoutenir les intérêts de son maître et ceux de l'État, avec plus de fidélité que ses prédécesseurs, ilne peut se dispenser de me venir voir, comme eux, quand ilen aura letemps; que, d’ailleurs, ces causes que je défends et que je dénonce ne me