Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V 131

sentée et remise avec les cachets sur icelle apposés par M. Mutel, commissaire, et par moi, iceux préalablement vérifiés et reconnus par moi sains et entiers, pourquoi je décharge Mond. sieur Major de ladite caisse au moyen de la remise qu’il m'en a faite, dans ma chambre, le tout par ordre de M. de Sartine, lieutenant général de police, en date du huit du présent mois.

« À la Bastille. ce neuf février mil sept cent soixante-neuf.

« LE PRÉVOT !. »

Le 20 mors, la conduite de Le Prévôt ayant êté plus raisonnable, il fut autorisé à entendre la messe, les dimanches et fêtes, et à se promener dans les cours et sur la plate-forme. De plus, on chargeait le commissaire Rochebrune de lui faire fournir « une paire de souliers, une paire de bas, une culotte et une robe de chambre 2. »

Un mois plus tard, Le Prévôt lomba assez gravement malade. Nous avons tout lieu de croire qu'il fut atteint d'une fièvre chaude ou d’une maladie de ce genre qui porta Le dernier coup à sa raison chancelante. Le 23 avril, à midi, on avait envoyé chercher Delon de Lassaigne, médecin des prisonniers du château *, qui fit mettre à son chevet un garde du nom de La Donner (?). Le 5 mai, on lui retirait son garde, « parce qu'il n’en avait plus besoin, » et on l’envoyait au sieur de Launay.

Le 28 août 1769, Duval donnait sur Le Prévôt une nouvelle note, dans laquelle, revenant sur les causes de sa détention, il rappelait que ce prisonnier avait été enfermé à la Bastille pour prévenir la publication de libelles contre MM. de Saint-Florentin, de Sartine et autres personnes en place qu'il accusait de faire un grand monopole sur les blés et d'exciter le peuple à la rébellion, en le laisant manquer de pain. Comme il écrivait toujours les mêmes calomnies, Duval pense qu'il serait dangereux de le mettre en liberté et demande qu'il soit conduit à Vincennes. Son transport dans cette prison eut lieu seulement le 14 octobre 1769 *.

4. Bibl. Ars., ms. 7.620, fo 47.

9. Bibl. Ars., ms. 7.620, fo 38, En note, de la main de Chevalier : « Fait comme il est requis, le 22 mars 1769.»

3. Delon de Lassaigne, médecin de l’Université de Montpellier, médecin du Palais des Tuileries et du Louvre, demeurant au Louvre, près le Grand Conseil. Lassaigne, médecin du Roi, servait en cour pendant le trimestre d'avril. Al. Roy., 1768, p. 455.

4. Rap. Com. Lettres de cachet. Dans son Pris, d'Etat, Le Prévôt donne à cette