Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

138 LE PACTE DE FAMINE

en liberté. Néanmoins, on fait déshabiller complètement toute personne conduite au Dépôt. On l'oblige à se mettre dans le même état que si elle avait à comparaître devant un conseil de revision pour le recrutement de l’armée. Mais ce n’est pas tout, on examine l'intérieur de la bouche et des oreilles, et d’autres parties du corps encore. Qu'autrefois, lorsqu'on infligeait aux condamnés la flétrissure de la marque, on fît subir-aux individus arrêtés une visite corporelle, pour rechercher s'ils n’avaient pas été précédemment marqués, et s’ils n'étaient pas récidivistes, cela pouvait se comprendre. Mais qu'aujourd'hui on ait encore recours à des mesures aussi odieuses que celles qui se pratiquent au Dépôt, cela ne peut se jusüifier. Il y a là une honte pour l'humanité, qu'il importe de faire cesser. À notre époque, des procédés comme ceux qui sont encore en usage au Dépôt ne peuvent pas être maintenus. Il importe de les faire cesser au plus tôt. »

Quant aux individus coupables de délits commis pendant un accès de délire résultant d’une folie momentanée, ils sont envoyés en prison, et le 22 février 1863, le Dr Lecrand du Saulle adressait au Sénat une pétition dans laquelle nous relevons les plaintes suivantes : « À côté des aliénés proprement dits, certains individus, en proie à quelque idée fixe, à un délire léger, limité et très nettement circonscrit, à une névrose convulsive ou à des mouvements passionnels voisins de la folie, commettent fréquemment des actes dont ils ont àrendre compte à la justice du pays. La mesure de leur liberté morale ayant été restreinte, au temps de l’action, les motifs d’excuse se puisent dans la cause et d’après les combats de l’agent avec lui-même ; le bénéfice des circonstances atténuantes est invoqué, et la répression est adoucie dans de justes proportions, Ces malades vont en prison ; jetés parmi les malfaiteurs, ils souffrent et se pervertissent; heureux si dans ce triste milieu ils ne voient bas s’évanouir les lueurs dernières de leur intelligence !.… Il serait à désirer que les malades réputés partiellement responsables de leurs actions, fussent à l'avenir directement conduits, après information judiciaire et enquête médicale, — maïs sans jugements ni arrêts affictifs ow infamants préalables, — dans la maison destinée à servir de refuge à l’état mixte de l'intelligence. L’autorité en fixant le temps de la séquestration, pourrait prendre pour base la durée de la peine encourue. »