Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

78 LE PACTE DE FAMINE

affamé, non par le mauvais vouloir ni par la jalousie, mais par l'esprit étroit de la province, par les fausses idées économiques qui présidaient aux transactions, par les mesures précipitées, incoherentes, contradictoires, que prenaient à l'envi l’Assemblée nationale et les municipalités. On ne pensait même pas à imaginer que la disette provenait, en grande partie, des nerpétuelles hésitations de la législation même et l'on se reprit à croire aux accapareurs avec une foi d'autant plus vive qu’elle était excitée par une manie de soupcons qui semble avoir été l'épidémie morale de cette époque et que rien ne parvenait à calmer ‘. »

Le 4 juillet, Necker annonce que, pour ménager le blé, il faut se contenter de pain de seigle, Le comité des subsistances ne trouve d'autre remède à la disette que dans un appel à la générosité et à la charité des riches.

Après le 14 juillet 1789, ce fut l'assemblée des électeurs qui s'occupa spécialement de l’approvisionnement de Paris. Elle délègua ses pouvoirs à un comité de subsistances pris dans son sein. A la tête de ce comité les électeurs placèrent le maire Bailly et M. de Vauvilliers ?. Il ne nous semble pas que ce comité révolutionnaire ait usé d’autres moyens que ceux employés par les autorités de l’ancienne administration.

Comme les ministres, les membres du Comité des subsistances envoient des commissaires « pour se transporter dans l’arrondissement de Paris, acheter des grains, demander des secours aux municipalités voisines, veiller aux moutures et protéger les convois. »

Comme les commis de l'administration des bleds du Roi, les Électeurs sont soupçonnés et l'un d'eux est obligé de quitter le « service de la halle, parce qu'on trouvait mauvais qu'il présidät « à la vente. »

Ceux qu’on envoyait dans les campagnes pour faire les achats, avec des détachements, étaient souvent maltraités et devaient employer la force *.

se couvraient les manœuvres des monopoleurs, justifier le gouvernement même d’avoir affamé le peuple, prouver que les 200 millions qui étaient dans le trésor royal ne provenaient pas de ce crime. » On sait que cette Introduction du Monitewr fut faite après les événements,

4. Maxime du Camp. Op. cit., I, 40.

2. M. de Vauvilliers plaça son frère Louis-Antoine à la tête des magasins de Corbeil en remplacement des frères Leleu.

3. Mém. Bailly, II, 43, 443, 195, 134, 473, 178, 295, 237, 238.