Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE X 81

l'étranger. » L'Assemblée applaudit à ses vues et ne s’en occupa pas : « Ce n’est pas qu'elle ne fût très bien intentionnée, observe Bailly, mais les bagatelles de détails absorbaient son temps. » Sur le conseil de Necker, il fait donc acheter des grains en France par Salady de Ferrière, Lefebvre de Guineau et par d'autres; le 5 septembre, il passe un marché de 100,000 septiers avec Salady.

Si l’on voulait interpréter les actes du comitè des subsistances de la Commune avec la même malveillance qui fut employée depuis pour juger les employés des greniers du Roi, on trouverait de nombreux prétextes de calomnie ! Comment jugerait-on l'autorisation donnée par le comité des subsistances à Bailly, d'acheter 100,000 septiers de grains à Hambourg ; c'était « une affaire de 5 millions dont ils ne jugèrent pas à propos de parler à l'Assemblée. Cette affaire était importante, car il y avait peut-être deux millions à perdre sur cette commande ; mais le gouvernement jusqu'ici avait payé » et Baïlly « tenait pour certain qu’il payerait encore. » Si au lieu d'être un révolutionnaire, Bailly avait été un ministre du roi, qu'aurait-on pensé de cet administrateur, qui fit cette opération, « tout en reconnaissant qu’elle était illégale, et qui fut bien heureux d'être approuvé par l’Assemblée 1? »

Les halles de Paris étaient-elles mieux approvisionnées ? La nuit du 22 au 23 septembre, il n'y avait pas 30 sacs à la Halle; le comite des subsistances passa une partie de la nuit à l'Hôtel de Ville, « attendant à chaque instant la mort. » Heureusement, vers quatre heures du matin, arriva un convoi de 4 ou 500 sacs de blé. Le bateau qui apportait la farine des moulins de Corbeil arrivait matin et soir, dans les premiers jours de la Révolution; puis il n'arriva plus qu’une fois par jour ; enfin c’est à grand'peine qu'il continua son service quatre fois par semaine.

i. Mémoires de Bailly, II, 93, 94, 495, 174, 178, 481, 210, 297. Voir l'aventure de Gallet, cet individu “brouillon, qu’on craignait cependant, auquel le Comité des subsistances donna une déclaration attestant qu’il achetait pour l’approvisionnement de Paris, mais à son compte, qui en profita pour faire du monopole et que finalement on dut envoyer devant le Châtelet. III, 211.— Voir aussi: Réponse adressée à M. Vauvilliers, chef du bureau des subsistances, par M. Gallet l'aîné, à un rapport du même département, lu le 30 mai 1790... Paris, P.-F. Didot le jeune, 1790. — Fermez les yeuæ, par Antoine Etrabuc.— On fabriqua également, contre Bailly, des lettres qui, si elles étaient acceptées à la légère, prouveraient sa participation aux troubles des campagnes des environs de Paris et le rôle important qu'il jouait dans une société de monopoleurs ! Nous donnons ces lettres aux Pièces justificatives, X, p. 29.

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