Le Royaume de Monténégro : avec une carte
GOUVERNEMENT 59
les dignités qui, non seulement ne sont pas héréditaires, mais peuvent, à chaque instant, être retirées à leurs titulaires.
S'il n'y a pas de nobles, il y a cependant des patriciens : ce sont les grands propriétaires fonciers, parmi lesquels le Roi choisit souvent, et de préférence, les fonctionnaires et les chefs militaires. Ces derniers proviennent aussi, parfois, du corps des « Perjanici »,
Nous avons dit, dans un autre chapitre, ce qu'était le « Perjanici », garde du corps instituée par le Vladika Pierre IT. Cette élite de l’armée se compose d'hommes robustes, souvent membres des « Odzaks » ou familles patriciennes, ne reconnaissant qu’une seule loi, qu’une seule morale, résumées dans les mots : «Le Roi l’ordonne! » Une centaine de ces beaux soldats sont en garnison à Cettigné, où ils ont la garde du Palais Royal et de ses abords.
Le Gouvernement prend à sa charge tous les frais des études faites à l'étranger par la plupart des hauts fonctionnaires, et ceuxci ne quittent Saint-Pétersbourg, Paris, Vienne ou Belgrade, qu'après avoir conquis le grade de « licencié » en droit, en médecine, etc. Parmi eux se trouvent des anciens ministres dont l'un a été breveté comme ingénieur des mines. Les juges et les avocats sont tous au moins des licenciés. Très peu sont parvenus jusqu’au doctorat.
L'organisation du système fiscal diffère de celle en usage dans la plupart des autres États. Outre les contributions indirectes, il existe un impôt qui se paie en travail : on l'appelle prestations.
Hormis le Roi, chaque citoyen, même le Prince royal, doit à l'État dix journées de travail; toutefois, il peut s'acquitter en argent, moyennant 6 couronnes par tête.
On trouve, au Monténégro, beaucoup de propriétés possédées en commun, soit par plusieurs familles, soit par tous les membres d’une association ou d’un corps constitué. Les forêts des environs de Cettigné, par exemple, appartiennent au clergé de la ville.
Les paysans paient annuellement, à titre de contribution foncière, une couronne par « ralo ». Le « ralo » n'est pas une mesure agraire de superficie déterminée, c'est tout simplement la portion de terrain dont la surface peut être labourée dans une journée. Cet élément d’äppréciation présente, on le voit, une certaine