Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, str. 148
136 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION
vention passe à l'ordre du jour, motivé sur ce qu'il n’y à point de loi qui autorise les corps municipaux à censurer les pièces de théâtre. J'ai In ce décret à nos concitoyens réunis, qui l'ont accueilli avec transport, et au même moment on a cominencé la pièce.
« Le citoyen Commandant général avait fait arriver assez de forces pour faire respecter votre arrêté.
«Je dois justice à nos concitoyens, et vous assurer que, malgré l’effervescence, il ne m'a pas été dit un seul mot injurieux. Si je suis accablé de fatigues et de douleurs vives, elles ne viennent que de la compression que quelques citoyens qui m'entouraient ont partagée avec moi, pour n'être pas accablés par la foule. Quoi qu'il en soit, j'ai été obligé de rester au spectacle, et je vous rends compte de la tranquilité qui y règne à 8 heures.
« P.S. Je ne suis resté que pour veiller à l’ordre taut au dedans qu’au dehors. »
À la suite de cette lecture, qui soulève plus d'un murmure, on demande que le maire soit frappé d'improbation pour n’aveir pas soutenu l'exécution des arrêtés du conseil général et du conseil municipal ; d’autres se fondent sur ce que, par sa lettre à la Convention, il avait provoqué la représentation de la pièce.
Enfin, après une discussion animée, et sur injonction du conseil, le maire, appelé devant lui, a soutenu, la loi à la main, qu'il avait cru ne pouvoir s’opposer à la représentation de l’Ami des Lois.
Plusieurs membres ont pensé que l’ordre du jour décrété par la Convention ne pouvait annuler l'arrêté du conseil, attendu qu'on n'avait pas entendu censurer le drame, mais simplement en suspendre la représentation, comme pouvant exciter des troubles et des divisions.
Interpellé par le citoyen Chambon, le ministère