Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

FF

LA TERREUR 149

« Un pouvoir constitué par vous-mêmes en suspend la représentation, je vous supplie de bien vouloir accepter le Conciliateur (1) à la place de cette pièce. »

« Après ces mots, le citoyen Fleury a présenté au public l'arrêté de la Commune; quelques citoyens Jui ayant objecté que cet arrêté était contraire aux Droits de l’homme, à ceux de la propriété et de la liberté, et lui ayant crié de le déclarer, Fleury leur a répondu que toute loi émanée d'un pouvoir constitué était respectable et qu'il mourrait plutôt, la loi à la main, que de lui porter atteinte.

« C’est au milieu de cette discussion que le maire est rentré sur le théâtre apportant le décret de la Convention, dont Fleury a fait lecture. Le décret lu, et d’après la permission du maire et celle du Commandant général, motivés sur le décret de la Convention, l'Arni des Lois a été représenté paisiblement.

« Il résulte de cet exposé que les comédiens ne sont pas coupables d’avoi rannoncé le samedi sur leurs affiches la cinquième représentation de l’Ami des Lois, puisque l’arrêté prohibitif ne leur avait été apporté que le samedi à 10 h. 1/4 du matin.

« Il résulte aussi que ce n’est pas non plus au mépris de cet arrêté qu'ils ont représenté l'ouvrage, puisqu'ils ne l'ont fait qu'autorisés par le décret de la Convention, que sur la double permission du maire et du Commandant général.

« Signé : Les SEMAINIERS. » De l'imprimerie de Delormel, rue du Foin (2).

Nous venons de voir éclater d’une façon bien accentuée le conflit d'autorité, entre les deux grands

(1) Le Conciliateur ou hote aimable, comédie en 5 actes et en vers de Demoustier, dont nous avons cité précédemment des passages.

(2) Archives du Théâire-Français.