Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 155

un jeune homme qui, plus que les autres, avait oublié les égards dus à un fonctionnaire public exécuteur des ordres.

« Du reste cet événement, qui fait suite à celui de samedi, n’a pas altéré la profonde tranquillité qui règne dans Paris. »

On voit que l'organe de la presse officielle prenait manifestement parti, dans ce conflit, pour les idées libérales qui prédominaient encore dans la Convention. Enfin, le 4 février, les spectateurs voulurent encore une fois exiger des comédiens, qui avaient dû interrompre l’Ami des Lois, une nouvelle représentation; mais, au nom de ses camarades, Dazincourt vint supplier le parterre de ne pas les forcer à jouer un ouvrage « dont les suites pourraient leur devenir funestes ».

Telle fut la dernière manifestation et comme le dernier souffle de cette grande effervescence populaire qui, à l’occasion de l’Ami des Lois, avait si profondément troublé tout ce qui constituait alors la vie sociale et politique.

Toutefois, la Commune de Paris ne parvint à triompher complètement et légalement de l’Ami des Loïs, qu'à la date du 30 mars, en décrétant et ordonnant. la suspension des représentations de cette comédie, qui, suivant elle, « dénaturaît et corrompait l'esprit républicain ».

Laya lui-même, décrété d accusation, dut cesser de se montrer à son domicile, pour échapper aux poursuites (1).

(1) Dès que Danton, qui était lié avec Laya, connut le décret envoyant celui-ci en jugement, il se présenta chez sa femme. « Citoyenne, lui dit-il, si ton mari n'a pas d'asile, qu’il en accepie un chez moi, on ne viendra pas l'y chercher. » — Mais quelque temps après, Danton, lui-même, avait pour asile la prison d’abord, la tombe ensuite.