Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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alors émus jusqu'aux larmes. Leur chef, à cette vue, leur dit : « Braves guerriers, ne rougissez point de ce mouvement de sensibilité, il épure le courage et ne l’avilit pas! »

Puis, en accordant la liberté à Zamor et à Mirza, M. de Saint-Frémond adresse aux esclaves ce petit discours : « Que ne puis-je, de même, donner la liberté à tous vos semblables, ou du moins adoucir leur sort! Esclaves! écoutez-moi.. Si jamais on change votre destinée, ne perdez point de vue l’amour du bien public qui, jusqu’à présent, vous fut étranger. Espérez tout d’un gouvernement éclairé et bienfaisant... Allons, mes amis, mes enfants, qu'une fête générale soit l’heureux présage de cette douce liberté. » Et la pièce se terminait par un ballet des Indiens. Elle n’eut que deux représentations, les 28 et 30 décembre.

Olympe de Gouges expliquait de la manière suivante les retards apportés à la représentation de son drame :

« Les colons, dit-elle, à qui rien ne coûtait pour assouvir leur cruelle ambition, gagnèrent les comédiens et l’on assure que l’interception de ce drame n’a pas nui à la recette. »

Alors qu’elle était en instance auprès de la Comédie-Française pour faire jouer l’Esclavage des nègres, elle s'était décidée à le livrer à l'impression en 1786.

Un exemplaire en fut adressé par elle à Mirabeau, en 1789, alors que le grand orateur personnifiait la Révolution française.

Voici sa réponse, en date du 12 septembre 1789. Elle donne bien la note sentimentale de l’époque :

« Je suis très sensible, Madame, à l'envoi que vous avez bien voulu me faire de votre ouvrage.

« Jusqu'ici javais cru que les Grâces ne se paraient que de fleurs. Mais une conception facile, une tête