Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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170 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Cette bizarre déclaration fut aussitôt suivie d’une protestation de M'° Candeille, à laquelle « la brillante improvisatrice du Midi » ainsi que la désigne Mi-. chelet, opposa une virulente réplique, accompagnée de gestes furibonds. Mais, devant ce tableau grotesque, les huées et les sarcasmes de toute la salle la forcèrent à battre en retraite. À

Ce ne fut même qu’à grand’peine qu’elle parvint à se frayer un passage, à travers un groupe de mauvais plaisants, prétendant avoir droit àunerestitution, sous prétexte qu’on leur avait volé leur argent.

Cette impression désastreuse s’accentua encore à la deuxième représentation : le parterre ne laissa même pas continuer la pièce, et plusieurs spectateurs s'élancèrent sur la scène où ils se mirent à danser une carmagnole enragée autour de l'arbre de la liberté en carton qu’on y avait inauguré, tandis que les autres faisaient chorus dans la salle.

Mais, loin d'accepter avec résignation ce verdict rigoureux, l’auteur en fit appel devant l'opinion publique, par la voie d'un Mémoire, où elle attaquait, cette fois-ci, les comédiens du théâtre dela République, accusés d’avoirmonté une cabale contre sa pièce. En voici les termes : « Jamais auteur n’éprouva un si dur traitement, jamais pièce républicaine ne reçut plus d’outrages, et ne fut payée d’une plus noire ingratitude. « Les misérables me reprochent mon incivisme, parce que je me suis proposée pour défenseur officieux de Louis XVI, parce que j’ai pensé que sa mort était inutile et pourrait devenir funeste à la République. « J'ai eu à me plaindre du théâtre de la Nation; je me suis prononcée contre lui dans le temps de son despotisme; je le défends, aujourd’hui qu'on le persécute, et s’il voulait prouver combien il est au-