Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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dessus de son faible rival, il mettrait sur-le-champ ma pièce en répétition, et ressusciterait un ouvrage républicain massacré par le théâtre de la République. Au reste, le sort de tous les grands hommes est d’être persécutés, et l’auteur du Contrat social n’a pas éprouvé plus d'injustices et plus de dégoût que je n’en ai moi-même reçu pour ma pièce nationale. »

Cette même femme, qui attaquait si grossièrement les religieux, s'était cependant offerte, ainsi qu’elle le déclare, pour présenter la défense du roi devant la Convention. Sa lettre, sur ce sujet, fut même insérée au Moniteur, le 17 décembre 1792, et devint plus tard, contre elle, un chef d'accusation.

Les sentiments d'irritation, l’exaltation en quelque sorte maladive que trahissent et ses élucubrations accumulées, relatives au théâtre et à la politique, et toutes ses actions, eurent manifestement pour cause déterminante la série de ses déboires, de ses déceptions successives avec les comédiens, surtout le comité du Théâtre-Français, mais plus encore l’écroulement

- des brillantes espérances qu’elle avait fondées sur son drame patriotique de Dumouriez.

Et en effet, nous venons de la voir engager les Comédiens-Français à entreprendre la résurrection de ce drame sur leur scène, tant sa conviction était robuste et persistante, malgré cette chute éclatante.

Ce fut un semblable mobile qui l’entraîna dans sa lutte audacieuse, insensée, contre les puissances politiques d’alors, où l’on retrouve le même emportement passionné, fébrile, que dans sa précédente polémique contre les Comédiens-Français.

Organisatrice de la société populaire de femmes, appelée Société des tricoteuses, elle écrivait, dans ses brochures traitant de l’Emancipation des femmes : « Nous avons bien le droit de monter à la tribune,