Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 145

Mais, chose triste à constater! les mêmes huées qui avaient accueilli Olympe de Gouges au théâtre, poursuivirent impitoyablement la malheureuse femme jusque sur l’échafaud, où, jetant un regard attristé sur les arbres des Champs-Elysées, elle laissa échapper ces paroles significatives : « Fatal désir de la renommée! J'ai voulu être quelque chose! »

Ainsi périt, à l’âge de trente-huit ans, le 13 brumaire (3 novembre 1793) (1), cette femme à imagination déréglée, surchauffée et comme en ébullition continue dans cette atmosphère volcanique de la Révolution; mais qui, dans tous les cas et assurément, fut une personnalité, rachetant les erreurs etles égarements de sa vie par une mort digne et courageuse.

« Cette femme infortunée, pleine d'idées généreuses, a dit Michelet, fut le martyr et Le jouet de sa mobile sensibilité. » On peut ajouter qu'elle a vécu, « d’une vie exaspérée, » suivant la locution espagnole.

Enfin, cette nature étrange semble pouvoir se résumer dans un mot, aujourd’hui d’une assez fréquente application : Olympe de Gouges fut, avant tout, «une déséquilibrée », état d’âme qui n’exclut point la commisération. (1) Cinq jours avant l'exécution de M” Roland, qui eut lieu le 8 du mème mois, à l’âge de 39 ans. — On mourait jeune alors! — L'arrêt relatif à O. de Gouges porte le n° 146, sur le volume intitulé : Liste générale et très eæacte des noms, âges, qualités et demeures de tous les conspirateurs condamnés à mort par le tribunal révolutionnaire, établi à Paris, par la loi du 17 août 1792, et par le second tribunal révolutionnaire établi par la loi du 10 mars 1793, pour juger tous les ennemis de la Patrie.

L'arrêt de Louis-Philippe-Joseph Egalité, ci-devant duc d'Orléans, condamné et exécuté le 8 novembre, est inscrit presqu’à la suite sous le n° 150. Ce nom d'Egalité lui avait été

ee par la Commune de Paris, à La date du 15 septembre 792.