Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

116 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

III

Nous avons dit précédemment que les pièces inspirées par les religieuses, les moines, les couvents et les vœux monastiques furent très nombreuses sur les divers théâtres de Paris. On a pu remarquer aussi que ce sujet avait été surtout exploité avec ardeur, 5 après l’année 1790, où l’Assemblée nationale avait à . refusé de reconnaître le catholicisme comme religion ne d'Etat, avait aboli les vœux monastiques, supprimé les ordres et les congrégations, décrété la constitu-

É tion civile du clergé et forcé les prêtres à prêter le

serment constitutionnel.

Le lecteur n’a pas oublié le succès immense qui, sur le théâtre de la Nation, accueillit, à la date du 29 mars 1791, le drame Les Victimes cloîtrées, de Monvel.

Cette question brûlante des vœux monastiques forcés fut ensuite également traitée avec talent par È M. J. Chénier, dans sa tragédie de Fénelon ou les reli-

gieuses de Cambrai, représentée, sur le théâtre de la République, le 9 février 1793. Monvel y remplissait le rôie de Fénelon, Talma celui du commandant d'El-

i mance, Mr° Vestris celui de la victime Héloïse.

En refusant de riches vêtements et ornements archi-épiscopaux, qui lui sont offerts, comme dons de bienvenue, par le maire et les conseillers municipaux de la ville de Cambrai, Fénelon s'exprime ainsi :

Eu |

Donnez aux malheureux cet or et cet argent. Le ministre d’un Dieu qui vécut indigent

Ne doit point, croyez-moi, connaitre l’opulence, Ni d'un luxe barbare étaler l'insolence.