Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

ii

LA TERREUR Tr

Bon peuple, dans ces murs je fixe mon séjour.

Je ne quitterai point mes enfants pour la cour;

Je veux des citoyens justifier la joie.

C'est un père, un ami que le Ciel vous envoie.

Je sais que les remparts renferment dans leur sein, De nombreux partisans de la foi de Calvin,

Ne voyez pas en eux d’odieux adversaires; Plaignez-les, aimez-les; ils sont aussi vos frères, L'erreur n’est pas un crime aux yeux de l'Eternei. N'exigez done pas plus que n’exige le Ciel!

Cependant, un ami d’enfance de Fénelon, d’Elmance, vient le trouver, et lui fait le tableau de ses infortunes. Il a sollicité le commandement de Cambrai, parce que c’est dans cette ville que sa femme Héloïse et sa fille Amélie, sont mortes toutes deux au fond d’un cloître.

Fénelon lui prodigue des consolations, il s'efforce de lui démontrer combien la vertu est aimable, et, parlant de l'avenir de la nouvelle génération, il déclare qu’il formera la jeunesse avec Télémaque :

Là, mauvais courtisan, je veux peindre à la fois Les misères du peuple et les crimes des rois!

Mais Héloïse et sa fille Amélie ne sont point mortes, comme le croit d'Elmance. Amélie, qui a pu se rendre libre, vient faire, en secret, à Fénelon, la confidence que sa mère est enfermée dans les souterrains d’un cloître.

L’archevêque appelle aussitôt un prêtre, lequel le prévient qu’on l'attend à l'Eglise. — Fénelon lui répond :

Une femme périt dans un séjour d’effroi;

Du fond de son tombeau la victime m'appelle,

Mon cœur entend ses cris et je vole auprès d'elle; C’est mon premier devoir, servons l'humanité... Après nous rendrons grâce à la divinité!