Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

118 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

L’abbesse du couvent, informée de ce qui se passe, menace Héloïse, et lui dit que sa fille va partager son sort; à ce moment, Fénelon et ses prêtres pénètrent dans le cachot, conduits par Amélie.

L’archevèque interroge Pabbesse :

CL... Pourquoicesernautés?

L'ABBESSE. Dieu même prescrivait ces rigueurs légitimes.

FÉNELON. Toujours le Ciel et Dieu quand on commet des crimes Ce Dieu vous a-t-il dit : Je veux être vengé? Pourquoi punissez-vous avant qu'il ait jugé?

CC . . . . . . . . 3 = +

. . . . . Le Ciel repousse avec horreur. Des vœux qui ne sont point prononcés par le cœur.

Fénelon délivre Héloïse et rend à d'Elmance sa femme et sa fille. — D'Elmance enthousiasmé s’écrie alors :

Hélas! que n’étiez-vous le chef de eette église,

Alors que dans un cloitre on plongeait Héloïse

Siles prêtres toujours vous avaient ressemblé,

Le genre humain par eux eût été consolé.

Le nom de Dieu n’eût pas ensanglanté la terre;

Et ce théâtre affreux, où triomphe la guerre, {

Heureux par leurs vertus, soumis à leurs bienfaits,

Eût été le séjour d’une éternelle paix.

Votre religion n’est que l’amour des hommes,

Que cet exemple est beau dans les temps où nous som[mes! Quelles grandes lecons ! tandis que sous nos yeux

Semblent recommencer les jours de nos aieux,

Tandis que nous voyons, aux deux bouts de la France,

Le fanatisme ardent, l’aveugle intolérance

Renouveler encor leurs antiques succès,

Et, le glaive à la main, verser du sang français!