Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 149

FÉNELON.

C’est ainsi que de Dieu la loi pure et sacrée Par les persécuteurs se voit déshonorée! A force d'attentats ils la feront hair!

Cette pièce ne contenait pas seulement, on le voit, une thèse dramatisée contre les couvents et les vœux monastiques, mais encore une satire amère, une critique acerbe dirigée contre les mœurs, le luxe et le faste des grands dignitaires de l'Eglise, sous la royauté. Dans le rôle de Fénelon, Monvel, cet habile tragédien, sut être si pathétique, si vrai, il produisit un tel enthousiasme, que le marquis de Fénelon, s’y laissant entraîner, alla trouver l'acteur et lui fit don de l’anneau pastoral de l'archevêque de Cambrai, comme pour. ajouter à l'intérêt du drame, et rendre plus complète l'illusion de la scène. Sous le Consulat, on voyait encore cet anneau au doigt de Monvel (1).

C’est à ce moment, au cours du mois de mars, que les mouvements populaires, l'agitation des sections redoublent de fréquence et d'intensité, sous l’excitation des événements extérieurs menaçant la sûreté de la patrie : la première coalition européenne et le soulèvement de la Vendée. Aussi, le Journal de Paris, reproduisant la séance du 8 mars de la Convention, contient ce passage : « Le maire rend compte de ce qui s’est passé à Paris dans la soirée; il a fait fermer les spectacles et battre un rappel pour engager les citoyens à se rendre dans leur section... » Les théâtres de Ia Nation et de la République firent ainsi relâche, par ordre, les 8 et 9 mars.

À la date du 3 avril 1793, se place une pièce qui, après avoir été d’abord jouée au théâtre Marais, rue Culture-Sainte-Catherine, obtint au théâtre de la

(1) Nouvelle Biographie générale.