Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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368 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

ciens habitués, et permets-lui de réchauffer son cœur et de rajeunir son imagination par le récit fidèle de tout ce qu'il a pu recueillir dans ton sein!...…….

« C'était donc tous les soirs, de huit heures jusqu’à onze, et bien souvent jusqu'à minuit, que se formait l’aréopage qui prononçait sur toutes les nouveautés, sur toutes les intrigues de la ville et de la cour. L’anecdote galante y était racontée avec une grâce et une gaieté qui la rendaient encore plus piquante. On eût dit le greffe général de l'empire d'Amour.

« Ce foyer formait un grand salon parfaitement éclairé, pouvant contenir trente à quarante personnes, dont chacune trouvait un siège commode; sur chaque côté latéral était un long canapé qu’on réservait ordinairement aux dames. C'était sur celui du fond, en face de la porte d’entrée que venait s'asseoir M! Contat, après avoir joué Célimène, M Evrard, ou Me Patin. Sa physionomie ravissante, sa tête admirablement posée et la grâce inexprimable répandue sur toute sa personne, faisaient en quelque sorte disparaître un embonpoint qui, sans nuire à son talent, lui donnait de la peine à se développer. Mais cette habitude du grand monde et des belles manières, ce regard scrutateur et si fin, cette bouche fraîche, riante et si bien ornée, lançant le trait le plus malin, tout contribuait à faire de cette prêtresse de Thalie, âgée de quarante ans, la femme la plus séduisante, la dame du foyer, devant qui tout s’inclinait avec admiration (1)

(1) À 45 ans, Mie Louise Contat épousa le comte de Parny, neveu du poète cèlèbre et l’un des plus brillants cavaliers de l’époque. Jamais beauté, dans la fleur de l'âge, n’avait inspiré de sentiments plus vifs et plus sincères que celui dont chaque jour M"° de Parny recevait l'aveu de son heureux époux. Elle en était orgucilleuse et saisissait toutes les occasions de le prouver. Aussi, dans une réunion où on lui avait adressé cette question : « Quel est le plus grand bien qu’on puisse posséder