Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
48 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION
Achevons avant tout la feuille de Bruxelles. Combien nous faudra-t-il tuer d’impériaux (1)? Il me faut surpasser tous les autres journaux
Par de plus sanglantes nouvelles.
ÉPIMÉNIDE. Maïs tromper le public.
GORGI.
Le public est si bon! H ne veut qu'être ému, c’est à quoi je m'applique. Je ne vois que complots et conjuration. Je mets partout du fer, des mines, du canon : Ah! Messieurs, sans l'invention, Que deviendrait la politique ?
C’est bien là l’origine d’une certaine presse express et féconde qui fleurit de nos jours !
La magistrature était représentée par M. Fatras, ex-avocat général, qui récrimine avec âpreté contre les récentes réformes judiciaires :
Parlons d’abord de la justice, C’est un métier que je connais; J'ai vécu quarante ars de rapports et d'épice : Les dossiers m'ont cent fois vu plier sous le faix, Et j’usai sur mon dos dix robes de palais ; Mais la justice criminelle, Pour moi, dans tous les temps, eut surtout des attraits. C’est là, Monsieur, que j’excellais; Et l’on veut que j'adopte une forme nouvelle, Pour rendre mes nouveaux arrêts! Ils ne respectent rien de nos anciens décrets; Ils ont aboli tout, tout jusqu’à la torture! Dans la nouvelle procédure,
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(1) Le Brabant venait de se mettre vaillamment en rébellion contre l’Empire; aussi, à la date du 28 novembre 1789, Câmille Desmoulins faisait paraître le premier numéro des Révolutions de France et de Brabant, brochure hebdomadaire, satirique, publiée chez Garnery, libraire.