Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 49
Avant de les punir, on prouve les forfaits;
Et, jusques au moment où le crime est notoire, Le jugement est suspendu. Ah! si l’on veut tous les en croire, Aucun d'eux ne sera pendu.
ÉPIMÉNIDE.
Mais cela me parait fort sage.
FATRAS.
Voilà ce qu'ils me disent tous.
ARISTE.
Pourquoi donc vous mettre en courroux?
D'HARCOURT. Je suis pour la raison. FATRAS. Moi, pour l’ancien usage. Je ne le vois que trop : les premiers inventeurs De ces réformes exécrables Sont ces auteurs abominables, Des superstitions infâmes délateurs. Nous avons done en vain poursuivi leur mémoire, Fait brûler leurs écrits par la main du bourreau! Nos persécutions ajoutent à leur gloire. Nous voyons Voltaire et Rousseau Régir l'opinion du fond de leur tombeau! Je veux, pour nous venger, faire un réquisitoire.
ARISTE. Et contre qui, Monsieur?
FATRAS.
Contre la nation, Et je veux y méler de vives apostrophes Contre un roi qui fut assez bon Pour accorder sa sanction A des décrets de philosophes.