Le traitement des prisonniers et des blessés par les Austro-Germano-Bulgares : résultats de l'enquête exécutée sur le front de Salonique

18.000 était exagéré, il est dès maintenant certain que les Bulgares ont massacré dans cette ville des milliers de prisonniers serbes. A relever le fait que les victimes ont été tuées par la cavalerie à coups de sabre. Blajitch nous avait déjà dit que la cavalerie chargeait les prisonniers à Ochrida. C'était probablement pour économiser les munitions.

À en juger d'après les témoignages, quelques prisonniers serbes originaires de la Macédoine auraient obtenu un congé pour aller chez eux, d’autres auraient été libérés pour être recrutés dans l'armée bulgare quelques mois plus tard. Le but des Bulgares en accordant cette faveur est visible : ils se croyaient définitivement maitres de la Macédoine serbe et ils voulaient se concilier la population. Mais cette sollicitude n’a pas duré longtemps. Après la révolte serbe, on raflait tous les hommes valides

_ qui n’élaient pas encore versés dans l’armée du Cobourg, les libérés y compris, et on les enrôlait de force.

Il faut relever aussi ici tout spécialement, comme une grave violation du droit des gens commise par les Bulgares, le fait qu'ils ont recruté dans leur armée des prisonniers. Dans la partie du travail consacrée au traitement des prisonniers par les Austro-Hongrois, nous avons déjà constaté que ces derniers se sont rendus complices de ce crime en livrant les Macédoniens serbes au gouvernement de Sofia pour en faire des soldats qu'on forcera à combattre leurs propres pères et leurs frères. Le recrute-

ment des prisonniers macédoniens serbes dans l’armée de Ferdinand de Cobourg est donc dûment constaté. J’ajouterai que les gens de Sofia ne se sont pas contentés d’enrôler des Serbes macédoniens, mais ils ont pris également dans leur armée des prisonniers serbes de l’ancienne Serbie. Mon enquête, dont j'ai publié un résumé dans un volume spécial, l’a nettement démontré. Ainsi j'ai eu la surprise d'interroger, comme déserteur bulgare, un soldat serbe, un « Choumadinatz » du cœur même

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