Les fêtes et les chants de la révolution française

APPENDICE. 305

A la fin de la cérémonie des Tuileries, dit la Décade « La musique exécuta de nouveaux chants ». Le Mercure français dit : « Le second discours de Robespierre a été suivi de l'hymne de Chénier par les artistes réunis des divers spectacles ». Cette assertion est notoirement inexacte.

Pour l'hymne exécuté au Champ de Mars, les renseignements sont généralement en désaccord, par la bonne raison que le programme ne fut pas suivi : on avait annoncé l'Hymne à l'Ëtre suprême de Chénier et Gossec, il est donc bien naturel que ceux qui entendirent un autre chœur aient cru entendre celui dont ils avaient le titre sous les yeux. Tel est le cas pour le Moniteur. Deux autres, Grégoire (voir ci-dessus) et Bontemps et Barry, font comprendre que l'hymne exécuté fut le petit chœur, déjà entendu aux Tuileries : « La musique exécuta un Hymne à l'Être supréme dont les spectateurs reprenaient le refrain », disent ces derniers; comme ils ajoutent que « cet hymne fut suivi d'une grande symphonie », puis parlent encore après des strophes exécutées par le peuple sur l'air de la Marseillaise, et que tout cela est parfaitement exact,nous n'avons aucune raison de croire qu'ils ont confondu les deux morceaux entre eux.

Enfin nous avons donné la citation de Tissot de laquelle il paraît ressortir que le Chant du 14 Juillet : « Dieu du peuple et des rois » fut chanté au Champ de Mars, par le corps de musique, sur la montagne. Le renseignement, très précis, est donné sur un ton de sincérité qui inspire la confiance : l'écrivain parle de l'impression ressentie comme ayant été si vive qu'il en vibre encore. Les souvenirs des vieillards remémorant leur jeunesse ont souvent beaucoup de justesse et de fraîcheur, et nous ne trouvons aucune raison pour douter de la fidélité de celui qu'un témoin oculaire évoque ici.

Ce témoignage n’est d'ailleurs aucunement en désaccord avec ceux des écrivains qui disent que l'Hymne à l'Étre suprême (petit chœur), déjà chanté aux Tuileries par le peuple, le fut de nouveau au Champ de Mars : qui empêche d'admettre que, pour remplacer le grand hymne inutilisé, on ait fait entendre tour à tour ces deux morceaux ?

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