Les hommes de la Révolution

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Cela n’empêcha nullement Michelet de se faire l'écho de toutes les stupidités malveillantes et plus que tout autre, le grand historien, si clairvoyant par ailleurs, contribua à assassiner moralement l’Ami du Peuple.

La laideur physique de Marat était déjà proverbiale. Michelet écrivit:

« Quoi! c’est là Marat? cette chose jaune, verte d'habits, ces yeux gris-jaunes si saillants. c’est au genre batracien qu’elle appartient à coup sûr plutôt qu’à l’espèce humaine. De quel marais nous vient cette choquante créature? »

Plus loin, à propos de son acquittement et de son triomphe au Tribunal révolutionnaire, il ajoutait :

«Son front jaune, son vaste rictus de crapaud souriait effroyablement sous sa couronne de laurier.… »

Louis Blanc, lui-même, plus disposé à l’impartialité, ne craint pas de parler des «lèvres de de reptile (!)» de Marat.

Sur la saleté repoussante de Marat, sur sa fureur sanguinaire, Michelet est tout aussi affirmatif. À sa suite, historiens et romanciers nous ont présenté une caricature affreuse, une déformation monstrueuse des traits et du caractère de celui qui fut l’'Ami de Peuple. è

La légende désormais était trop solidement établie pour que l’on songeât à la détruire. Mieux valait prendre Marat tel qu'on nous le présentait que de s'évertuer à la recherche de sa véritable personnalité (1).

(1) Vermorel et Alph. Esquiros, ce dernier dans

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