Les philosophes et la séparation de l'église et de l'état en France à la fin du XVIIIe siécle

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ment républicain, je dirais des choses effroyables!. » « La religion, même fausse », ajoute-t-il encore, « est le meïlleur garant que les hommes puissent avoir de la probité des hommes »?, L’utilité de la religion, même mensongère, réside dans ce fait qu’elle facilite l'application des lois civiles. Une société n’est tranquille et prospère que si les lois civiles et les lois religieuses sont en harmonie mutuelle. « Les dogmes les plus vrais et les plus saints peuvent avoir de très mauvaises conséquences lorsqu'on ne les lie pas avec les principes de la socièté, et, au contraire, les dogmes les plus faux en peuvent avoir d'admirables, lorsqu’on fait qu'ils se rapportent aux mêmes principes.…#, » Loin de songer à séparer l'Église de l'État, Montesquieu songe donc à les rapprocher et même à les lier plus étroitement. Mais, dans l’attelage harmonieux qu'il rêve, il donne la direction à l'État.

C’est déjà subordonner la religion à la société que de ne lui reconnaître d'autre utilité qu'une utilité sociale. Montesquieu précise qu’en cas de désaccord entre les lois naturelles et les lois

_ religieuses, les lois naturelles doivent l'emporter. Il établit longuement l'indépendance du droit civil à l'égard du droit canons. Il veut que le mariage soit entouré de garanties civiles, garanties qui font défaut au sacrement, ete.5. En somme, si Montesquieu, en bon magistrat français qu’il était, tient fermement à la suprèmatie du pouvoir civil, il est à cent lieues de l'idée de l'État laïque et neutre, puisqu'il veut conclure une alliance de raison entre l'État et le catholicisme.

Voltaire, plus agressif dans ses attaques contre l’infâme, n’est pas au fond plus hardi dans ses conclusions. Il crible de railleries méprisantes les religions positives fondées sur la révélation et les mystères. Il voit dans tout fondateur de religion un charlatan, dans tout prêtre un hypocrite ou un imbécile. Mais il n’exporte

1. Esprit des lois, livre XXIV, ch. n. . Livre XXIV, ch. vu.

. Livre XXIV, ch. xx.

. Livre XXVI, ch. vu.

. Livre XXVI, ch. Vu, 1x, x, xt.

. Ibid.

7. M. Rotbenbücher porte sur la polilique religieuse de Montesquieu le méme jugement dans des termes équivalents (Karl Rothenbücher, Die Trennung von Slaat und Kirche. München, 1908, p. 64). — J'ignorais le livre de M. Rothenbücher, qui n'élait pas encore paru, quand je rédigeais cel arlicle,

DOTE &